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Histoire | Istor |
LA CROIX-HELLÉAN; commune formée de l'anc. par. de ce nom;
aujourd'hui succursale. --- Limit. : N. la Grée-Saint-Laurent; E. Guillac,
Helléan; S. Josselin, Guillac; O. Lanouée, Josselin. --- Princip. vill.
: le Broutay, Grand-Saint-Gervais, Pont-Saint-Gervais, la Ville-Robert, la
Ville-Moison, le Hinjet, Bélon, Coiquedec, Kerboys, Saint-Maudé, la
Ville-Rafray, la Ville-Chaperon, la Ville-Coto, Branbuéhan, château
de Penhoët. --- Superf. tot. 1439 hect. 50 a., dont les princip. divis.
sont : ter. lab. 561; prés et pât. 129; bois 79: verg. et jard. 41;
landes et incultes 588; sup. des prop. bat. 8; cont. non imp. 34. Le monument de la bataille des Trente est en Guillac et non en la Croix-Helléan, la route de Josselin à Ploërmel servant en cet endroit de limite à ces deux communes. Cependant les maisons de Mi-Voie étant en la Croix-Helléan, et la discussion d'Ogée se trouvant à cet article, nous y plaçons le nôtre. Lorsque MM. de Pommereul et de Toustain-Richebourg engagèrent dans ce dictionnaire la polémique qu'on vient de lire, tous deux discutaient sur des suppositions, soit pour, soit contre l'opinion généralement admise de la réalité de ce combat. Ces deux auteurs ne pouvaient donc rien de plus que faire preuve d'esprit et de subtilité; mais ce n'est pas assez pour écrire l'histoire. Seul, ou du moins presque seul, le manuscrit cité par les écrivains du XVIè siècle, et notamment par d'Argentré, pouvait faire preuve dans ce débat. Or, ce manuscrit a été retrouvé en 1819, par MM. de Penhouet et de Fréminville, parmi les manuscrits de la bibliothèque du roi. Il fait partie d'un in-4° vélin de 225 feuillets (R. 7595. 2) (1). Ce manuscrit devient dès lors la meilleure base possible de toute discussion sur le combat des Trente. Dès l'abord, nous ferons remarquer que ce manuscrit, sur la date duquel on a discuté un peu légèrement, et auquel on a donné sans nul fondement celle de 1470, d'après d'Argentré, qui n'en dit rien, si ce n'est qu'il a "vu un très-ancien livre en mauvaise rythme" est bien certainement contemporain du combat des Trente. Il suffit en effet de le regarder avec quelque attention pour se convaincre qu'il est d'une écriture parfaitement analogue à celle de la partie des Chroniques de Saint-Denys qui est de 1375 a 1380. Cette preuve d'ailleurs vient se joindre à ce qu'en dit d'Argentré, qui certes n'eût pas donné en 1580, comme étant très-ancien, un manuscrit de 1470 (2). Contemporain de l'événement, ce manuscrit fournit donc une preuve presque incontestable du fait dont il est le narrateur. A quoi aboutissent, en présence d'un pareil témoin, quasi-oculaire, toutes les arguties plus ou moins habiles que MM. de Pommereul et de Toustain-Richebourg tirent des circonstances incohérentes énumérées par le poète, qui n'était rien moins qu'un homme de guerre. Il y a plus : Froissart, dont on a invoqué le silence comme une preuve négative, Froissart a eu Connaissance du combat des Trente. En effet, dans ses Chroniques éditées par M. J. A. Buchon (t. III, 1824, 7è' édition), d'après le texte du manuscrit du prince de Soubise, parfaitement conforme au texte des deux autres manuscrits qui sont en Angleterre, Froissart fait un récit complet de cette mémorable affaire (3). Examinons donc successivement les documents que nous fournissent ces deux témoins quasi-oculaires; et d'abord voyons le poème : En 1351, la garnison anglaise de Ploërmel, qui avait pour chef Richard Bembrough, désolait le pays par toutes sortes de vexations commises sur le peuple de la campagne. Jean de Beaumanoir, qui tenait Josselin pour le comte de Blois, obtint de Bembrough un sauf-conduit, et se rendit a Ploërmel pour lui reprocher ses cruautés lâchement commises sur des hommes hors d'état de se défendre. Bembrough repoussa ces plaintes avec arrogance et par la menace que la duché de Bretagne serait bientôt tout entière soumise au comte de Montfort; et Beaumanoir, pour toute réponse, l'invita à prendre jour pour combattre, s'il voulait, soixante contre soixante, ou cent contre cent. De cette façon, dit-il, "A donc verra-on bien pour vray certainement Le nombre de trente combattants de chaque côté fut définitivement fixé; et Beaumanoir, de retour à Josselin, n'eut que l'embarras du choix. linfin, il réunit ses trente champions, que le poème énumère (4). Bembrough compte parmi les siens vingt Anglais, six Allemands et quatre Brabançons (5). Le jour venu, Beaumanoir fait communier toute sa troupe; Bembrough encourage la sienne en lui citant une .../... ---------------- (1) Il a été réimprimé par M. de Fréminville en 1819, Brest, Lefournier et Desperriers, et par Crapelet, Paris, 1827, avec deux pages de fac similé. (2) : M. de Fréminville parle de ce prétendu manuscrit de 1470, d'après ce qu'en a dit M. de Pommereul dans Ogée. Il n'ajoute qu'une chose, c'est que ce manuscrit est déposé à la bibliothèque de Rennes. M. Crapelet, à son tour, répète ceci d'après M. de Fréminville. Or, ce manuscrit n'existe pas à la bibliothèque citée, et, selon toute apparence, n'y a jamais existé. M. de Pommereul, qui lui a attribué une date imaginaire pour servir son opinion, a sans doute voulu, en le citant, parler de celui qui a été retrouvé depuis à la bibliothèque royale. Or, M. de Fréminville ne s'est pas aperçu qu'il ne s'agissait là que de ce même manuscrit de la découverte duquel ou était redevable à lui et à M. de Penhouet. (3) Selon d'Argentré, d'ailleurs, Froissart, en parlant de plusieurs combats, dit : " On ne combattit oncques » plus vaillamment qu'au combat des Trente." (4) Voir plus bas. (5) On a pensé a tort, on le voit, que, la guerre civile étant entre de Blois et Montfort, il y avait eu des Bretons dans les rangs de Bembrough; cependant le texte de Froissart donne à douter. (Voy. ci-dessous.) ---------------- .../... prophétie de Merlin, qui assure aux Anglais une victoire en cette journée. Cependant, à peine les deux troupes sont-elles en présence au chêne de Mi-Voie, que Bembrough hésite et demande à Beaumanoir s'il pense que leurs souverains réciproques approuveront ce combat ? Beaumanoir en réfère à ses amis, qui tous repoussent cette observation comme trop tardive : ils veulent combattre celui qui dispute le pays à leur duc : "Nous sommes XXX venus en cette prée, On en vient aux mains; du premier choc les Bretons perdent Charruel, qui est fait prisonnier, et Geoffroy Mellon, qui est tué. Tristan, Rousselot et Caro de Bodegat sont grièvement blessés. Beaumanoir redouble d'efforts; enfin, une suspension a lieu pour permettre aux combattants de se désaltérer. Bientôt le combat recommence; les Bretons ne sont plus que vingt-cinq: Geoffroy de la Roche, écuyer, est armé chevalier par Beaumanoir. Bembrough crie à celui-ici de se rendre, car il a juré de le donner en présent à sa mie (2) : "Rents-toi tost, Beaumanoir, je ne t'ochyrai
mie, Beaumanoir lui répond : "C'est aussi mon intention." Alain de Keranrais, indigné de la jactance de l'Anglais, va droit à lui, et d'un coup de lance porté dans le visage, il le pénètre jusqu'a la cervelle. Bembrough se relève et s'avance sur Alain, mais Geoffroy du Bois le renverse mort d'un autre coup de lance (3). La mort de Bembrough consterne les Anglais. L'allemand Croquart les excite à se serrer et à combattre. Charruel, Tristan, Caro de Bodegat, qui étaient prisonniers du chef ennemi et que sa mort rend libres, viennent renforcer le parti des Bretons. La mêlée devient terrible. Deux Anglais et un Allemand sont tués; mais Geoffroy Poulard succombe et Beaumanoir est blessé. La perte de son sang, le jeûne, car le baron breton a jeûné, rendent sa soif ardente. Geoffroy du Bois lui crie ces mots sublimes et historiques : " Boys ton sanc Beaumanoir, ta soif se passera!" Beaumanoir oublie sa soif et se jette de nouveau dans la mêlée. Du coté des Anglais, Caverlay et Thommelin Betifort (4) combattent avec rage; tous se tiennent serrés et résistent comme un faisceau. Alors Guillaume de Montauban, simple écuyer, monte à cheval et feint de fuir; Beaumanoir l'invective; Guillaume lui répond : "Besognez franc, car de mon coté je veux bien besogner." Il prend du champ et se jette sur les Anglais avec une telle force qu'il les rompt. Le combat est alors terminé : chaque chevalier breton fait un prisonnier; les uns sont relâchés sur parole, les autres sont emmenés a Josselin. Ainsi finit la bataille, qui eut lieu l'an de grâce 1350 (1351), le samedi avant Lœtare Jerusalem. Après cette relation, que nous avons débarrassée de sa partie épique, voyons le récit de Froissart. La presque généralité des éditions de cet historien ne le contenant pas, nous croyons du plus grand intérêt de le reproduire ici en son entier : Comment messire Robert de Beaumanoir alla défier le
capitaine ------------------- (l) Évidemment ce combat était tout patriotique; et l'on a dit à tort que Beaumanoir offrit de «voir a qui aurait plus belle amie !›› C'est pour les droits du duc que les Trente se battent; mais au nom de leur sainte honorée, ou de leur dame, comme le faisaient tous les chevaliers. (2) C'est toujours, on le voit, 1'idée des chevaliers de tout rapporter il leurs mies, quoique combattant pour une question de nationalité. (3) Ce que nous avons dit ci-dessus du peu de fondement qu'il faut faire des circonstances du combat rapportées par le poète vient encore se confirmer ici. En effet, des médecins pourraient aussi discuter sur l'invraisemblance qu'il y a dans ce fait que Bembrough, atteint jusqu'à la cervelle, continue de combattre. Or faudrait-il en conclure, si l'impossibilité était démontrée, que la bataille des Trente est un fait d'invention et non une réalité historique ? (4) On a dit que ce Thommelin ou Thuomelin Bélifort était Breton. ------------------- .../... "En cette propre saison avint en Bretagne un moult haut fait
d'armes que on ne doit pas mie oublier, mais le doit-on mettre en avant
pour tous bacheliers encouragier e "Quand messire Robert vit ce, il approcha encore de plus près, et fit appeler le capitaine. Cil vint avant à la porte parler audit messire Robert, et sur asségurance d'une part et d'autre. « Brandebourg, dit messire Robert, a-t-il là-dendans nul homme d'armes, vous ni autres, deux ou trois, qui voulussent joûter de fer de glaives contre autres trois, pour l'amour de leurs amis (1). "Brandebourg répondit, et dit : Que leurs amis ne voudroient mie que ils se fissent tuer si méchamment que d'une seule joûte; car c'est une aventure de fortune trop tôt passée: si en acquiert-on plus tôt le nom d'outrage et de folie, que renommée d'honneur et de prix; mais je vous dirai que nous ferons, si il vous plait. Vous prendrez vingt ou trente de vos compagnons de votre garnison, et j'en prendrai autant de la nôtre. Si allons en un bel champ, là où nul ne nous puisse empescher ni destourber, et là endroit nous éprouvons et faisons tant qu'on en parle aux temps avenir en salles, en palais et en autres lieux par le monde..... et aient la fortune et l'honneur cils à qui Dieu l'aura destinée. --- Par ma foi, dit messire Robert de Beaumanoir, je m'y accorde; et moult parlez ou vassamment (vaillamment). Or, soyez vous trente aussi. et le créante (promets) ainsi par ma foi. --- Aussi le créanté-je, dit Brandebourg, car là acquerra plus d'honneur, que bien s'y maintiendra, que a une joute." "Ainsi fut cette besogne affermée et exécutée; et journée accordée au mercredi après, qui devoit être le quart jour de l'emprise. Le terme pendant, chacun élisit les siens trente, ainsi que bon lui sembla, et tous cils soixante se pourvurent d'armures, ainsi que pour eux bien et à point. "Quand le jour fut venu, les trente compagnons de Brandehourg ouirent messe, puis se firent armer, et s'en allèrent en la place de terre la où la bataille devoit être, et descendirent tous a pied et défendirent à tous ceux qui la étoient que nul ne s'entremit d'eux pour chose ni pour meschef que il vit avoir a ses compagnons, et ainsi firent les trente compagnons de monseigneur Robert de Beaumanoir. Cils trente compagnons, que nous appellerons Anglois, à cette besogne attendirent longuement les autres, que nous appellerons François. Quand les trente François furent venus, ils descendirent à pied et firent à leur compagnons le commandement dessus dit. Aucuns disent que cinq des leurs demeurèrent à l'entrée de la place, et les vingt-cinq descendirent à pied si comme les Anglois étoient. Et quand ils furent l'un devant l'autre, ils parlementèrent un peu tous soixante, puis se retrairent arrière, les uns d'une part et les autres d'autre, et firent toutes leurs gens traire en sus de la place bien loin. Puis fit l'un d'eux un signe, et tantôt se coururent sus et se combattirent fortement tout en un tas, et rescouoient bellement l'un l'autre quand ils veoient leurs compagnons a meschef. "Assez tôt après ce qu'ils furent assemblés, fut occis l'un des François, mais pour ce ne laisseront mie les autres se combattre, ains se maintinrent moult vassamment d'une part et d'autre aussi bien que tous fussent Rolands et Oliviers. Je ne sais à dire la vérite "cils se maintinrent le mieux et cils se tirent le mieux", ni n'en ouïs oncques nul priser plus avant de l'autre; mais tant se combattirent longuement que tous perdirent force et haleine et pouvoir entièrement. Si les convint arrêter et reposer, et se reposèrent par accord les uns d'une part et les autres d'autre, et se donnèrent trève jusques adonc qu'ils se seroient re- .../... -------------- .../... posés, et que le premier qui se releveroit rappelleroit les autres. Adonc etoient morts quatre François et deux des Anglais. Ils se reposèrent longuement d'une part et d'autre, et tels y eut qui burent du vin que on leur apporta en bouteilles, et restreignirent leurs armures qui deroutées étoient, et fourbirent leurs plaies. "Quand ils furent ainsi rafraîchis, le premier qui se releva fit signe et rappela les autres. Si recommença la bataille si forte comme en devant et dura moult longuement, et avoient courtes épées de Bordeaux roides et aiguës, et espois, et dagues, et les aucuns haches; et s'en donnoient merveilleusement grands horions, et les aucuns se prenoient aux bras à la lutte, et se frappoient sans eux épargner. Vous pouvez bien croire qu'ils firent entre eux mainte belle appertise d'armes, gens pour gens, corps à corps et mains à mains. On n'avoit point en devant, passé avoit cent ans, ouï recorder la chose pareille. "Ainsi se combattirent comme bons champions et se tinrent cette
seconde empainte moult vassamment; mais finalement les Anglois en eurent
le pire. Car, ainsi que je Le combat des Trente ne peut donc plus être maintenant relégué parmi ces légendes chevaleresques qui n'ont aucun fondement sérieux, et l'on nous saura sans doute gré de l'avoir ici restitué dans toute sa vérité historique, si singulièrement attaquée et défendue dans les deux dissertations admises par Ogée. Il nous reste, pour compléter ce fragment, à relater ici les noms de ceux que 1'on s'accorde à regarder comme ayant été acteurs dans ce beau fait d'armes. Du côté des Bretons, on admet : Comme chevaliers, Jean de Beaumanoir, le sire de Tinténiac, Guy de Rochefort, Yves Charruel, Guillaume de la Marche, Robin Raguenel, Huon de Saint-Yvon, Caro de Bodegat, Olivier Harrel', Geoffroy du Bois, Jehan Rousselot. --- Comme écuyers, Guillaume de Montauban, Alain de Tinténiac, Tristan de Pestivien, Alain de Keranrais, Louis Guyon, Olivier de Keranrais, Geoffroy de la Roche Guyon de Pontblanc, Geoffroy de Beaucours (ou Beaucorps), Maurice du Parc, Jehan de Sérent, Fontenay, Huguet Trapus (ou Capus), Geoffroy Foulard, Maurice de Troguindy (ou Tréziguídy ou Tronguidy), Geslin de Troguindy, Guillaume de la Lande, Olivier de Monteville, Simon Richard, Geoffroy de Mellon (1). Du côte des Anglais : Comme chevaliers, Richard ou Robert Bembrough, Robert Knolles, Hervé de Lexualen, Richard de la Lande, Thommelin Bélifort (ou Billefort), Thommelin Wallon, Hue de Cavcrlay. --- Comme écuyers, Jean Pleasanton, Richard le Gaillard, Hugues le Gaillard, Hucheton de Clamaban, Repefort, Jennequin de Guenchamp, Hennequin Hérouart, Jannequin le Maréchal, Boutet d'Aspremont. --- Comme gens-d'armes Croquart, Gauthier l'Allemand, Robinet Melipars, Ysannet, Jean Roussel, Dagorne, Hulbitee, Helcoq, Helichon le Musart, Troussel, Robin Ader, Perrot de Gannelon, Guillemin le Gaillart, Ravel Prévot, Dardaine"' (2). .../... --------------- (1) Nous avons mis des astérisques à tous les Bretons cités par le poème du XIVè siècle; parmi les Anglais, les quatre qui ont des astérisques sont cités comme Brabançons. (2) M. Charles Hersart a eu l'heureuse idée de publier, sous la forme
d'un petit atlas, la description héraldique de l'obélisque des Trente
avec les armoiries des Bretons qui y prirent part. Cette notice doit intéresser
toutes les familles qui se rattachent aux noms ci-dessus. (Nantes,
in-foi., Mellinet Malassis, 1829.) .../... On voyait encore, il y a environ cinquante ans, sur le bord de la route de Ploërmel à Josselin, une croix de pierre ayant à peu près 1 m. 65 de haut, et que l'on nommait "Croix de la Bataille des Trente."Cette croix avait, dit-on, remplacé le vieux chêne de Mi-Voie, tombé de vétusté. Abattue elle-même en 1775, les États de Bretagne, sur la demande de M. Martin d'Aumont, l'avaient fait relever et poser sur une pierre, où l'on avait gravé, ainsi que le dit Ogée : "A la mémoire perpétuelle de la Bataille des Trente, que Mgr. le maréchal de Beaumanoir a gagnée en ce lieu, l'an 1350." Pendant la révolution, cette petite croix avait été renversée, et ce simple monument allait disparaître tout à fait quand, en 1811, le conseil d'arrondissement de Ploërmel demanda qu'une allocation de 600 fr., prise sur les centimes additionnels de l'arrondissement, fût affectée à l'érection d'un monument digne du fait d'armes des Trente. Le conseil général applaudit à cette idée, et vota 2,l100 fr. Le 11 juillet 1819 on posa la première pierre du monument qui s'élève aujourd'hui à Mi-Voie. C'est un obélisque ayant à sa base 1 m. 60 c. et 1 m. au sommet; sa hauteur est de 15 m., et il est formé par des assises de granite ayant chacune 60 c. Cet obélisque est placé au centre d'une étoile plantée d'arbres, et qui a environ 140 m. de diamètre. La pierre relevée en 1775 par les États de Bretagne a été placée auprès du monument, sur lequel on a gravé, à l'est, l'inscription suivante : "Sous le règne de Louis XVIII, roi de France et de Navarre, le conseil général du département du Morbihan a élevé ce monument à la gloire de XXX Bretons". A l'ouest, la même inscription a été gravée, traduite en breton; au sud, sont les noms des Trente; enfin, au nord, on lit : "27 mars 1551." |