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Chapitre XIV

La Bretagne dans l'empire chrétien

 

( compte tenu de la matière à traiter, ce chapitre est publié en chapitres séparés)

(utiliser les liens)

                       

            6. Conséquences des évènements de 367 / 370.

            Apparition des noms de villes en 'caer-'

            Sur le plan politique et administratif, hormis la question de l'identification réelle de la Valentia, le changement le plus important se situe dans la modification du statut des tribus du Nord, contiguës du Mur d'Hadrien, de celui de Protectorat à celui de Foedetari / Fédérés. (36)

            Désormais, tout en conservant une assez large autonomie interne, ces tribus font à nouveau partie intégrante de l'Empire au regard de leurs relations extérieures et de leur protection. Il ne s'agit plus d'états alliés à l'Empire par une alliance privilégiée, si ce n'est théorique, mais d'états sous tutelle. On peut probablement voir dans cette nouvelle disposition la volonté des autorités romaines de repousser une fois de plus la frontière de l'Empire d'une centaine de kilomètres vers le nord, en se constituant une sorte de glacis de protection par l'interposition de ces états tampons entre les Pictes et le Mur. Peut-être est-ce aussi derrière cette disposition que se décline le nom de Valentia, une 'nouvelle' province.

            L'autre modification importante concerne les villes de garnisons dans les zones sous contrôle militaire, aussi bien au nord de la province qu'à l'ouest. Jusqu'à présent, leur schéma directeur de création et de structure a été classique : un castrum (fort, forteresse), à l'intérieur duquel était placée la garnison, voyait au fil des années se construire à l'extérieur de ses murs un vicus, c'est-à-dire une agglomération civile, où l'on trouvait les familles des soldats, les commerçants, les artisans, les différents lieux de cultes, et éventuellement des paysans.

            Durant les graves évènements de 367-370, presque tous ces vici ont été pillés et anéantis par les Barbares, la population civile n'ayant alors d'autre ressource que de se réfugier en toute hâte à l'intérieur des castra en abandonnant les vici avec tout ce qu'ils contenaient aux Barbares.

            Désormais, par la réforme mise en place par le comte Théodose, ces vici sont abandonnés et supprimés pour dégager les abords des camps. "... Les nouvelles garnisons, avec leurs femmes et enfants, vivent exclusivement à l'intérieur des forts, grossièrement reconstruits par la main-d'œuvre provinciale. Les forts deviennent ainsi de petites villes fortifiées ...". De ce fait la fonction initiale du fort, essentiellement militaire, tend à disparaître au profit d'une agglomération mixte, le fort et la ville finissant par se confondre dans leur rôle et leur identité. Selon un historien britannique, " ... Un centurion de l'ancienne école aurait blêmi devant ce spectacle ...". (37)

            Cette confusion entraîne elle-même une curieuse évolution sémantique concernant le nom même de l'agglomération ainsi créée. Le mot castrum, ou plus exactement son radical castr-, ou mieux encore une forme populaire locale, probablement voisine de castre, ou caster, finit par désigner à la fois le fort et la ville, c'est à dire en fait la ville fortifiée ainsi créée. Ce mixage finit par donner naissance, par mutations et flexions internes en langage britonnique, au toponyme hybride bien connu des celtisants : 'Cair-', 'Caer-', 'Car-'. (38)

            Parallèlement, les villes ouvertes du sud de la province, en particulier les villes de marchés, qui ont eu elles aussi à souffrir des raids Barbares, sont contraintes à leur tour de s'entourer de murailles. Elles deviennent elles aussi, par un processus diamétralement opposé au précédent, des villes fortifiées, et en peu de temps il n'y a plus guère de différence, dans l'esprit du peuple tout au moins, entre une ville installée dans un camp et une ville nouvellement ceinte de murailles. Voila pourquoi bon nombre d'entre elles dont dotées, par analogie, du préfixe 'Cair-', 'Caer-', 'Car-'. (39)

            Par ricochet et par association d'idée, il arrive aussi parfois que la capitale Londinium ainsi que les colonies entourées de murs bien avant les évènements de 367-370 finissent par être gratifiées elles mêmes du préfixe 'Cair-', 'Caer-', 'Car-'. (40)

            C'est ainsi qu'à partir de cette époque, la Britannia Romania est hérissée de villes fortifiées de toutes tailles du nord au sud et d'est en ouest.

notes : l'empire chrétien

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