IX


SIDOINE A SON CHER RIOTHAMUS


Écrite sans doute de Lyon en 470.



Recommandation pour un pauvre diable

1. Nous gardons dans cette lettre nos habitudes de langage, puisque nous y melons les doléances aux hommages; non certes que nous nous appliquions à rendre notre plume respectueuse dans les titres et rude dans le cours de la page, mais parce qu'il se produit sans cesse des événements au sujet desquels un homme de ma situation ou de mon rang s'expose de toute évidence à des ennuis s'il en parle, et commet une faute, s'il se tait. Mais nous sommes aussi personnellement témoin de l'importance que vous attachez au sentiment de l'honneur, dont vous avez toujours eu un tel respect que vous rougissez pour les fautes d'autrui (29).

2. Le porteur de ma lettre, humble, obscur et même méprisé au point d'avoir à souffrir de sa mollesse inoffensive, se plaint de ce que ses esclaves soient partis, débauchés en secret par des Bretons. J'ignore si l'accusation est fondée, mais, en mettant les parties en présence, si vous jugez le différend avec sérénité, je pense que ce malheureux pourra apporter la preuve de ce qu'il avance, si toutefois un homme seul, sans armes, sans forces, gauche, étranger et pauvre au milieu de gens subtils, armés, bruyants, confirmés dans leur obstination par leur courage, leur nombre, le soutien des camarades, peut être entendu selon les règles de l'équité et de la justice.