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Galgacos

 

            Chef des Calédoniens et de leurs alliés lors de la dernière bataille de la Bretagne indépendante, en 84 après J.C, dans les Monts Grampians en Écosse. L'armée bretonne est composée de trente mille hommes; l'armée romaine est commandée par Agricola, et composée de la Legio IX Hispania, la Legio XX Valeria Victrix, d'auxiliaires Germains, Gaulois, et Bretons du sud de l'Ile. La bataille est mentionnée par Tacite, dans Vie d'Agricola

            Voici les propos que Tacite prête à Galgacos avant la bataille : 

            " Lorsque j'envisage les causes de la guerre et la nécessité qui nous presse, j'ai le plus grand espoir que cette journée et l'union de vos efforts vont commencer l'affranchissement de toute la Bretagne. Aucun de nous ici n'a connu la servitude; plus loin, aucune terre; sur la mer elle-même, plus de sûreté : la flotte romaine croise devant nous. Ainsi le combat et les armes, qui sont le parti le plus glorieux pour des braves, sont encore le plus sûr pour des lâches. Les précédentes batailles, où la lutte contre les Romains avait éprouvé des fortunes diverses, laissaient en nos bras espoir et ressources, car nous, les plus nobles de toute la Bretagne, et, à ce titre, placés dans ses plus mystérieuses retraites, loin de l'aspect des rivages asservis, avions conservé nos yeux mêmes purs des atteintes de la domination. Habitants des dernières terres, et dernier peuple libre, cet éloignement précisément qui nous cachait à la renommée nous a jusqu'ici défendus; et on fait une grande idée de ce qu'on ne connaît pas. Mais maintenant le fond de la Bretagne est ouvert; après nous plus de nations, plus rien que des flots et des rochers; et plus dangereux encore les Romains, dont vous ne désarmerez pas l'orgueil par l'obéissance et la soumission. Brigands dont le monde est la proie, depuis que la terre manque à leurs universels ravages, voici que désormais ils fouillent le sein des mers; avides de biens, si leur ennemi est riche, de domination, s'il est pauvre, ni l'Orient ni l'Occident ne les ont assouvis; seuls de tous les mortels, ils convoitent avec la même fureur les richesses et l'indigence. Emporter, massacrer, ravir, voilà ce que, dans leur faux langage, ils nomment exercer l'empire; leur paix, c'est le silence des déserts.

            La nature a voulu que l'homme n'eût rien de plus cher que ses enfants et ses proches; nos fils, enlevés par les enrôlements, vont porter le joug dans une terre étrangère; quant à nos femmes et à nos soeurs, si l'adversaire ne les violente en ennemi, il les souille en se donnant comme un ami ou comme un hôte. Les biens et les revenus sont épuisés par les impôts, les terres et les moissons par les fournitures; les corps mêmes et les bras, on les use à percer des forêts, à combler des lacs, sous le fouet et l'injure : épuisement total : L'esclave né n'est vendu qu'une fois, et même son maître le nourrit : la Bretagne achète chaque jour, chaque jour elle nourrit sa propre servitude. Et comme dans une troupe d'esclaves le dernier arrivé sert de jouet même à ses camarades, dans ce vieil asservissement de l'univers, où nous sommes les nouveaux venus, les plus vils, on s'en prend à nous pour nous détruire totalement. Pour quels travaux nous réserverait-on ? Nous n'avons ni terres labourables, ni mines, ni ports. Mais nous avons cette valeur et cette fierté que les dominateurs ne pardonnent point aux sujets; et cet asile même de notre éloignement, mieux il nous protège, plus il nous rend suspects. Ainsi, puisqu'il n'est point de grâce à espérer, armez-vous enfin de courage, vous tous, ceux qui tiennent le plus à la vie, comme ceux qui tiennent le plus à l'honneur. Les Brigantes, commandés par une femme, ont pu réduire en cendres une colonie, forcer un camp; ils eussent secoué le joug, si le succès ne les eût engourdis. Et nous, encore intacts et indomptés, nous qui allons combattre pour conserver notre liberté et non pour obéir à des remords, montrons dès le premier choc quels hommes la Calédonie s'est gardée pour sa défense !

            Croyez-vous les Romains aussi braves à la guerre que corrompus dans la paix ? Grands par nos discordes et nos dissensions, ils font servir les fautes de leurs ennemis à la gloire de leur armée. Et cette armée, quelle est-elle ? un assemblage des nations les plus différentes, qu'unit la prospérité, qu'un revers dissoudra; à moins que ces Gaulois, ces Germains et (j'ai honte de le dire) cette foule de Bretons, qui prêtent leur sang à une domination étrangère, dont après tout, ils furent plus longtemps les ennemis que les esclaves, ne vous semblent attachés à eux par l'affection et la fidélité ! ils le sont par la crainte, par la terreur, faibles liens d'amitié : rompez ces liens; en cessant de trembler, ils commenceront à haïr. Tout ce qui encourage à vaincre est de notre côté. Les Romains n'ont point de femmes pour enflammer leur courage, point de pères pour leur reprocher leur fuite; la plupart n'ont point de patrie ou en ont une autre que celle qu'ils servent. Peu nombreux, inquiets, car ils ne savent où ils sont, ils regardent avec effroi le ciel même, cette mer, ces forêts, tout ce pays inconnu qui les entoure : oui, les dieux nous les livrent ici comme enfermés et enchaînés. Ne vous laissez point effrayer par un vain aspect et par cet éclat de l'or et de l'argent qui ne défend ni ne blesse. Dans les rangs mêmes des ennemis nous trouverons des bras qui sont à nous : les Bretons reconnaîtront leur propre cause; les Gaulois se souviendront de leur ancienne liberté; ce qui leur reste de Germains les abandonnera, comme ont fait naguère les Usipiens. Et après ce combat plus rien à redouter : des forts sans garnison, des colonie de vieillards, des municipes affaiblis et partagés entre la révolte et la tyrannie. Ici, leur général, ici, leur armée, là-bas les impôts, les mines et les autres fléaux qui punissent les esclaves. Ces fléaux pour toujours, ou la vengeance sur l'heure !ce champ en décidera. Bretons, en allant au combat, songez à vous ancêtres et à vos descendants.
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