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Chapitre XIV
La Bretagne dans l'empire chrétien
( compte tenu de la matière à traiter, ce chapitre est publié en chapitres séparés)(utiliser les liens)
3. Constance et Julien. 353 / 363.
La victoire de Constance sur Magnence ne résout pas pour autant les problèmes de l'Occident. C'est même le contraire qui se produit. Car avec cette fâcheuse habitude de faire constamment appel à des Barbares, traditionnellement ennemis, pour régler des affaires intérieures, on finit fatalement par en devenir tributaire. Après sa victoire, Constance aimerait bien voir les Barbares s'en retourner chez eux. Mais après tout, les Francs et les Saxons aussi bien que les Alamans ne sont pas venus là par hasard : ils ont été invités en Gaule par des empereurs légitimes, et ils aimeraient bien de leur côté être payés pour leurs services. Et puisque Constance ne semble pas décidé à s'y résoudre, ils décident alors de se payer eux-mêmes en s'emparant ni plus ni moins d'au moins quarante villes gauloises et germaniques romaines de la rive gauche du Rhin jusqu'à la mer, et en créant en plus ce qu'on appelle aujourd'hui un no man's land de plusieurs kilomètres en vidant les territoires situés entre ces villes et les bases romaines les plus proches de leurs populations. Qui plus est, ils envoient en captivité en Germanie barbare près de vingt mille prisonniers ainsi capturés en Gaules. Il ne fait donc aucun doute que parmi ces prisonniers se trouvent aussi un bon nombre de Britto-romains de la Garde du Rhin. (19)
Constance, qui est également confronté à nouveau avec les Perses en Orient, élève son cousin Julien à la dignité de césar = vice-empereur, en même temps qu'il lui donne sa sœur en mariage. Julien a pour mission, de concert avec les commandants des divers corps d'armées, de restaurer l'ordre romain en Gaule et en Occident. Dans la réalité, il ne veut ou il ne peut lui fournir que trois cent soixante hommes, misérable compagnie qui fait bien piètre figure face aux trente cinq mille Barbares qu'on leur demande de déloger, d'autant, faut-il le souligner, que ces trois cent hommes " ... qui ne savaient que prier..." sont loin d'être un corps d'élite. (20)
Et pourtant, contre toute logique, petit à petit, Julien arrive à reconquérir une par une les places de la Gaule, à recomposer et à réarmer ses contingents au fur et à mesure de la reconquête. A tel point qu'en 357, il inflige aux Alamans une terrible défaite à Argentoratum / Strasbourg. La frontière du Rhin est réinvestie par les troupes de l'Empire et les Barbares, vaincus, sont contraints de restituer les vingt mille prisonniers et de fournir eux-mêmes des otages. Julien fait réapprovisionner les places fortes du Rhin par bateaux avec des vivres provenant de l'Ille de Bretagne. (21)
Bien que nous n'ayons guère d'informations précises à ce propos, il semble que la Bretagne romaine ait aussi à souffrir, en ces moments difficiles de l'Empire, des incursions pictes au travers du Mur d'Hadrien. Julien est contraint d'envoyer un certain Lupicinus, magister equitum / maître de cavalerie, pour y rétablir la situation. (22)
Malheureusement, les victoires Julien et la popularité qu'il acquiert ainsi auprès des Gaulois et des Bretons portent ombrage à Constance, son impérial cousin et beau-frère. Celui-ci, irrité, finit par nourrir de la jalousie vis à vis de son césar beau-frère. Il demande, sous prétexte qu'il a besoin de renforts, qu'on lui envoie dès que possible Lupicinus et les corps d'élite de Julien. Mais les armées d'Occident refusent d'obtempérer et proclament Julien malgré lui empereur à Lutetia / Paris, au début de 361.
Nous assistons alors pratiquement à une réédition du conflit précédent entre Constance et Magnence. A nouveau, il faut le souligner avec force, Constance pactise avec les Alamans d'outre-Rhin pour tenter d'immobiliser Julien en Gaule. Mais cette fois-ci, la manœuvre de l'empereur traître échoue, et Julien se porte à sa rencontre quand la nouvelle arrive que Constance vient de décéder d'un accès de fièvre, à Mopsucrène, en Cilicie, le 03 novembre 361. (23)
Julien, seul empereur, ne survit d'ailleurs pas longtemps à son beau-frère, car il trouve la mort à son tour en combattant les Perses, devant Ctésiphon, le 26 juin 363.
notes : l'empire chrétien |