Retour au sommaire

Chapitre XVI

Dans la tourmente

( compte tenu de la matière à traiter, ce chapitre est publié en chapitres séparés)

(utiliser les liens)

  

 

            2. Stilichon, un Vandale, gérant de l'Empire ! 

            Après le décès de Théodose, survenu le 17 janvier 395, l'Empire est à nouveau partagé entre ses deux fils, Arcadius en Orient, sous la tutelle de Rufin, et Honorius en Occident, sous la tutelle de Stilichon, un général d'origine vandale. 

            Le danger vient alors des Wisigoths, conduits par leur roi Alaric qui, bien qu'étant chrétien arien, n'en demeure pas moins barbare pour autant. Après avoir forcé Rufin en Orient à lui payer un lourd tribu pour obtenir que Constantinople soit épargnée, Alaric fonce sur l'Occident, détruisant au passage Corinthe et les villes du Péloponnèse, avant de venir mettre le siège devant Aquilée, porte de l'Italie vers les provinces danubiennes, le 18 novembre 401.

            Alaric déclare qu'il  : " ... ne délacerait pas sa cuirasse avant d'avoir foulé aux pieds le sol du Forum". (2)

            A Rome, la panique est générale et le gouvernement de Ravenne lui-même envisage de se replier à Lugdunum / Lyon, capitale des Gaules. (3)

            Stilichon, tout en essayant de temporiser la férocité d'Alaric par la diplomatie, rappelle de toute urgence à la rescousse les meilleures légions des quatre coins de l'Empire. Ainsi, une partie de l'Armée de Bretagne, tirés de la Legio VI Victrix, quitte ses bases pour courir au secours de l'Italie en péril. (4)

    Grâce à la rapidité de sa réaction et à l'efficacité de sa stratégie, Stilichon parvient à bloquer les Wisigoths, et finit par les écraser à Pollentia, se permettant le luxe de s'emparer de la femme et des enfants d'Alaric. Ce dernier réussit malgré tout à se dégager et à se replier en Istrie. (5)

            Pourtant, dès l'année suivante, il revient à l'assaut de l'Italie, mais se fait battre à nouveau devant Vérone. 

            Mais le cauchemar ne fait que commencer ! 

            A peine les Wisigoths sont-ils refoulés que les Goths, appelés aussi Ostrogoths,, sous le commandement de Radagaise, un païen, se mettent à leur tour à ravager les provinces danubiennes, avant de pénétrer en Italie en 405.

            Nouvelle panique générale. L'empereur Honorius décrète la levée en masse par un édit du 19 avril 406. Stilichon concentre à Ticinum / Pavie une armée de trente mille hommes et se lance à la poursuite de Radagaise. Après un an de ravage, de pillage, et de massacres, les Ostrogoths sont à leur tour écrasés, puis anéantis, à Fiesole, près de Florence, le 23 août 406. Radagaise, qui n'a pas eu le temps de s'enfuir, est capturé et décapité immédiatement sur place. (6)

            Quelques soient la valeur, le courage, et la ténacité des armées de Stilichon, ces valeurs ne font que masquer la naïveté des dirigeants de l'Empire vis à vis du  contexte général. Car, derrière les premières vagues wisigothes et ostrogothes, ce sont des peuples entiers qui, fuyant eux-mêmes devant les Huns, sont en train de faire  route vers l'Occident.

            Se voyant bloqués vers l'Italie, les Barbares se concentrent alors sur la ligne du Rhin.

            L'abcès crève enfin, le 31 décembre 406. 

            C'est une véritable marée humaine, avec armes, bagages et troupeaux, qui traverse le Rhin gelé, à la hauteur de Mogontiacum / Mayence. On y trouve pêle-mêle des Vandales, des Alains, des Suèves, des Burgondes, etc. 

            Les Fédérés Francs de l'Empire romain essaient bien de les arrêter, mais en vain. La Garde du Rhin est complètement submergée par ce torrent barbare qui se déverse alors sur les Gaules, ravageant tout sur son passage. 

            " Des peuplades sans nombre et d'une extrême férocité ont occupé les Gaules toutes entières. Tout ce qui est entre les Alpes et les Pyrénées, et compris entre l'Océan et le Rhin, le Quade, le Vandale, le Sarmate, les Alains, les Gépides, les Hérules, les Saxons, les Burgondes, les Alamans et - ö malheureux État ! - les Pannoniens hostiles l'ont ravagé ! ... Mayence, jadis illustre cité, a été prise et détruite; dans l'église, plusieurs milliers de personnes ont été massacrées; Worms est ruinée après un long siège; la très puissante ville de Reims, Amiens, Arras, "les Morins, ces plus lointains des hommes", Tournai, Nemetae, Strasbourg, sont déportés en Germanie; les provinces d' Aquitaine, de Novempopulanie, la Lyonnaise et la Narbonnaise, à part quelques villes, sont toutes dévastées ..."   (7)

aller aux notes

Retour en tête de page