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Chapitre XVI
Dans la tourmente
( compte tenu de la matière à traiter, ce chapitre est publié en chapitres séparés)(utiliser les liens)
3. Constantin III proclamé en Bretagne !
La situation désastreuse des Gaules et de l'Italie envahies et ravagées par les Barbares, comme on peut aisément se l'imaginer, provoque un grand émoi chez les soldats de Bretagne, parmi lesquels, nous l'avons vu, se trouvent de nombreux Belges, Gaulois, Dalmates, et Italiens.
Il est tout à fait logique de penser qu'à partir de ce moment, ils aimeraient d'avantage venir en aide à leurs propres familles et compatriotes du Continent, que de continuer à monter une garde illusoire au nord de cette province de Bretagne, contre un ennemi de toute façon intraitable et insaisissable. A quoi bon continuer à vouloir se bercer d'illusions ?
Décidés à se prendre en mains eux-mêmes et à intervenir en Gaules, ils proclament alors l'un des leurs, un simple soldat nommé Marcus. Mais tout le monde n'étant pas d'accord, Marcus est assassiné presque aussitôt.
Le choix se reporte alors sur un certain Gratien, membre d'une administration municipale. Mais là non plus ça ne colle pas et Gratien est assassiné à son tour peu après sa proclamation.
En fin de compte, le choix se porte sur un autre soldat, Constantin qui, lui, réussit à se faire reconnaître de tous sans se faire assassiner tout de suite ! (23)
Sitôt proclamé, il prend avec lui la quasi totalité des troupes encore disponibles c'est à dire les derniers détachements de la Legio VI Victrix et de la Legio II Augusta, , dépouillant ainsi la Bretagne romaine de ce qui lui restait de sécurité sur ses frontières difficiles. Il traverse le détroit, débarque à Bononia / Boulogne sur Mer, rallie ce qui reste de forces vives combattantes du nord de la gaule, attaque les Barbares à revers, et parvient à les bloquer. Il réussit même à reconstituer partiellement la garde du Rhin.
Bien que leur cause soit commune, Stilichon voit en la personne de Constantin un dangereux compétiteur. Mais l'empereur Honorius, son gendre, est de toute façon dans l'impossibilité d'intervenir militairement, et se trouve donc contraint par les évènements de reconnaître Constantin auguste = empereur en Gaule.
Celui-ci installe sa capitale à Arelate / Arles, en Narbonnaise, et reçoit la soumission des Gaules, de la Bretagne, et d'une grande partie de l'Espagne.
Son fils Constant, à cette occasion, est sorti du couvent pour être élevé à la dignité de césar / vice-empereur.
Mais à peine est-il reconnu empereur que Constantin se prend à vouloir faire sécession d'avec le reste de l'Empire romain, faisant " ... savoir à Ravenne que la gaule n'enverra plus un homme, ne livrera ni même ne vendra cheval ou quelque ravitaillement que ce soit, et que les collecteurs d'impôts et taxes oeuvreront désormais pour le compte de l'empire des Gaules"..
Cette réaction provoque immédiatement une très vive réaction de la part de Stilichon, qui confie au Goth Sarus la conduite d'une expédition contre celui qu'il qualifie d'usurpateur. Mais le chef barbare échoue devant Valence et est contraint de se replier en Italie.
Stilichon, en accord maintenant avec Alaric, son ennemi d'hier, conseille à Honorius de prendre lui-même la tête d'une expédition contre Constantin, escomptant probablement sur le sursaut légitimiste des troupes de celui-ci à l'égard de l'empereur de Rome. Mais c'est le contraire qui se produit, car l'armée, concentrée à Ticinum / Pavie, se mutine violemment le 13 août 408, assassine plusieurs grands responsables de l'Empire, et réclame la tête de Stilichon lui-même. Honorius, cédant aux intrigues de la cour, accepte le complot qui se trame contre son beau-père, qui est pris et exécuté à Ravenne le 23 août 408.
L'attitude de Constantin n'en demeure pas moins suspecte pour autant, et Honorius, habile politique, parvient à le déjouer et à rallier la Bretagne à sa cause, au besoin en faisant livrer dans l'Ile des vivres en provenance d'Afrique, par voie maritime.
Par ailleurs, le torchon commence aussi à brûler entre Constantin et son fidèle compagnon Gerontius.
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