Retour à la page d'accueil de Carhaix en dro d'ar bajenn digermer Karaez

L'histoire de CARHAIX-PLOUGUER

Istor KARAEZ-PLOUGER

Histoire

        Vorgium / Carhaix n'existait pas en tant qu'agglomération avant la conquête romaine de la Gaule. Les recherches archéologiques n'ont à peine démontré sur le site que l'existence d'un habitat disparate.

        L'emplacement de Vorgium est en soi une démonstration de l'efficacité et de la précision des agrimensores / arpenteurs romains : à équidistance des 3 mers qui entourent la péninsule de l'occident celtique : la Manche au nord, l'Iroise à l'ouest, l'Atlantique au sud.

***

a

s

Carte d'après Louis PAPE : Histoire de Bretagne; Éditions J. Meyer, p 92

figurant dans l'étude de Patrick GALLIOU : L'Armorique romaine, p 39.

a

Carte extraite de Louis PAPE : La Civitas des Osismes,  colorisée par JC Even

 

Extrait de JC Even : Cadastre armoricain. 1986.

a

z

Étude du centre de la ville de Carhaix gallo-romaine

L'histoire de Vorgium durant l'épisode du haut-Empire romain ne nous est guère parvenue de façon écrite. Seule l'archéologie est en mesure de nous renseigner, ce qu'elle fait très bien au demeurant. 

Ce qui fut à l'origine un camp central placé et construit par les romains pour des raisons essentiellement militaires, est devenu, à l'instar d'autres implantations du même genre, un village civil autour d'un camp militaire, puis une ville au sens propre du mot, englobant castrum et vicus, et doté d'une municipalité.

L'ensemble a été suffisamment important et structuré pour que les autorités du moment aient cru bon et indispensable d'équiper la ville d'un aqueduc. Nous inviterons le lecteur à ouvrir la page spéciale consacrée à ce sujet.

Fin IVè siècle.

La ville, qui semblait endormie, a repris une importance non négligeable à la fin de l'Empire romain d'Occident, et particulièrement à partir de 385, date à laquelle le nouvel empereur, Magnus Clemens Maximus Augustus, connu chez les Gallois et les Bretons sous le nom de Maxen Wledig, décide d'installer des unités britto-romaines le long des cotes gauloises de la Manche, et de mettre en place une dotation spéciale, à l'attention de son beau-frère Kynan ( = Conan Mériadec), dans la moitié nord de la civitas des Ossismes.

La partie nord du territoire de la cité est confiée à la garde militaire d'une unité britto-romaine, tandis que la partie sud est confiée à une unité maure, ceci dans le cadre du système de défense côtière connu sous le nom de Tractus Aremoricani et Nervicani, c'est à dire de Ouessant à l'embouchure du rhin.

Le territoire confié aux Britto-romains va du Menez-Hom ( = Cruc Ochidient) à la source du Gouet ( = Mons Jovis = cime de Kerchouan), et rejoint la mer au nord de l'embouchure de l'Ic, entre Plouha et Tréveneuc ( graphie corrompue par confusion : Benoic / Quentovic).

 

Extrait de JC Even : Genèse de la Bretagne armoricaine. 1999.

Époque arthurienne (entre 450 et 550 environ)

A partir de 466, l'ensemble des territoires gaulois situés au nord de la Loire commence à subir des agressions de la part des wisigoths installés pourtant en tant que fédérés en aquitaine.

Ceux-ci écrasent une armée britto-romaine, de (G) Bretagne, sous le commandement de Riothame, à Déols, près de Châteauroux, en 469.

Non content d'avoir annexé le Berry, Euric, le roi wisigoth, veut aussi soumettre l'Auvergne et la Gaule armoricaine. En 472, il s'attaque à Clermont-Ferrand, et ne pouvant s'en emparer, en établit donc le siège. En 474, il s'en prend à l'extrême ouest armoricain, dont la capitale Carhaix semble être le noyau dur.

Mais en s'attaquant à la cité des Ossismes, il implique de facto les unités britto-romaines chargées aussi de sa défense.

Carhaix se trouve alors l'objet d'une confrontation entre les wisigoths d'Aquitaine et les Gaulois Ossismes, appuyés et défendus par les Britto-romains. 

Il s'agit de la bataille narrée dans les romans arthuriens sous le nom de : Bataille de Carohaise

Celle-ci a eu lieu, très exactement, le mercredi Ier mai 474, alors que Zénon et Aelia Ariadnè étaient empereurs et impératrice régents de fait à Constantinople, et que leur cousin Jules Népos était leur césar ( = vice empereur) pour l'Occident. 

On trouvera l'étude de cette bataille sur un lien donné dans les sources et la bibliographie ci-dessous. 

De la victoire de la coalition des Gallo-romains Ossismes, des Gallo-romains Curiosolites, et des Britto-romains va naître l'alliance politique et ethnique qui va donner naissance à la Bretagne armoricaine.

Qui plus est, cet épisode va être récupéré par la Légende arthurienne, et donner naissance au thème de Brocéliande et à celui du Graal. Voir à ces sujets les études sur Brécilien / Bressillien, et de Saint-Symphorien, en Paule, à la source principale de l'aqueduc romain de Carhaix.

Époque de Charlemagne

Carhaix est citée également dans un roman daté de la fin du XIIè siècle, et intitulé : La Chanson d'Aiquin.

En voici la trame résumée concernant Carhaix :  

Charlemagne étant en but à des difficultés avec un seigneur important, Aiquin, qualifié ici de Païen ou de  Sarrasin, qui semble t-il tient sa cour à Quidaleth (St Malo), le césar se décide à l'attaquer et à le soumettre. Après avoir mis le siège devant Quidalet (St Malo), mais que Aiquin ait réussi malgré tout à en s'en sortir avec sa famille et une grande partie de son armée, Charlemagne lance son armée à leurs trousses, en suivant la grande voie romaine qui va vers l'ouest, en direction de Corseul, d'Hillion, de Quintin, pour aboutir à Carhaix, où Aiquin s'est enfermé.

S'en suit un siège de Carhaix, avec une sortie en force et un combat singulier entre les deux chefs protagonistes, qui rappellent ardemment la description de la Bataille de Carohaise en 474.

Finalement, Aiquin et ses Païens sont à nouveau contraints de céder la place en s'enfuyant, en direction du Menez-Hom. Mais là, malheureusement, s'arrête le conte, les textes étant perdus !

Notes JC Even : Que des troupes franques aient guerroyé en ce secteur n'est absolument pas une contre-vérité. On en parle aussi à propos de St Servais. Voir cette page. Les Normands aussi ont pénétré profondément le pays en direction de Carhaix, et, faut-il le souligner, pratiquement par la même route venant de la baie de Saint-Brieuc. 

On ne peut cependant affirmer pour autant que Charlemagne en personne ait jamais conduit cette armée et ne soit jamais venu à Carhaix. Cela reste à démontrer.

Moyen Age breton

en 1347 : Charles de Blois, battu à La Roche-Derrien lors de la Guerre de Succession de Bretagne, est conduit à Carhaix avant d'être transféré en captivité en Angleterre. 

en 1363 : Du Guesclin reprend la ville aux Anglais.

De la Renaissance à la Révolution française.

- en 1590, Carhaix est pillée par les partisans du roi de France Henri IV. La ville est incendiée sur ordre de Du Liscoet.  

*****

La situation économique semble s'être nettement dégradée, comme en témoigne ce passage de Cambry, Voyage dans le Finistère, 1796/1700 : 

(Grandeur et décadence !)

Texte selon l'original.

" Quelles rues ! quelle malpropreté ! La grande rue est entièrement pavée de quartz : cette pierre indestructible, dont les plus lourdes voitures ne peuvent briser les pointes anguleuses, dégarnies de sable, de la terre qui les environnait, fatiguent le pieton, estropient les animaux. Beaucoup de maisons enfumées, au-dessous du sol de la rue, recevant ses écoulemens ; une multitude de chaumières abattues, abandonnées; la pauvreté, la nonchalance et la malpropreté d'une partie des habitans, en rendraient le séjour inhabitable, sans l'élévation sur laquelle celte ville est placée, sans les vents violens qui balayent et purifient l'atmosphère. Le caractère général des habitans de cette commune est froid, indifférent : l'eau-de-vie seule les agite. Placés pour faire un commerce étendu, au milieu de routes superbes, elles sont désertes, infréquentées : les jardins n'y sont pas cultivés; on n'y mange, pour ainsi dire, ni fruit ni légumes. La chasse les occupait avant la révolution ; leurs perdrix célèbres couvraient, nos tables à Paris : ce motif de mouvement n'existe plus, faute de poudre, et les habitans de Carhaix retombent dans l'apathie des Espagnols et des sauvages.

Accoutumés aux privations, ils ont peu de peine à se procurer le strict nécessaire : le reste de leur tems est employé par les haines, les divisions, la calomnie; ils se dénigrent, se déchirent; sous Robespierre, ils s'égorgeaient.

Le bois manque à présent dans les environs de la ville ; les pierres pour bâtir sont très-rares : le granit, employé dans les différens bâtimens, vient des environs de Gourin.

Ce qu'ici l'on nomme moélon, est une espèce d'ardoisine compacte, colorée par quelques filtrations ferrugineuses.

Le tuffeau, que l'air décompose, rend l'extérieur des maisons pareil à ces ouvrages vermiculés, dont les architectes ornent quelquefois leurs fontaines : il est très-rare. On le trouvait aussi dans les environs de Gourin.

Les quartz, très-communs dans les pavés, se trouvaient par gros blocs épars dans les campagnes de Callac, de Scrignac et de Guerlesquin : ils ont presque disparu".

Retour en tête de page