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L'histoire de CARHAIX-PLOUGUER
Istor KARAEZ-PLOUGER
selon OGEE; 1780
Carhaix ou Ker-aes; par les 5° 53' 45" de longitude, et par les 48° 15' 48" de latitude;
à 11 l. de Quimper, son évêché, et à 30 1. de Rennes.
p. 139 : Cette ville, située sur une hauteur qui forme un très-beau point de vue, est trêve de Plouguer-Carhaix (l). On y compte environ 1400 communiants, et l'on y trouve une collégiale dont les canonicats sont présentés par l'Ordinaire, une communauté de ville avec droit de députer aux Etats de la province, une Cour royale, une subdélégation, une maîtrise des eaux et forêts, une brigade de maréchaussée commandée par un exempt, un hôpital, les couvents des Augustins, des Carmes-Déchaussés, des Hospitalières et des Ursulines, et une poste aux lettres (2). Il s'y tient un marché le samedi de chaque semaine, et plusieurs foires célèbres par chaque année. Les différentes jurisdictions qui s'y exercent sont : Carhaix, ancienne jurisdiction royale; le marquisat du Timeur et la baronnie de Guergorlai, hautes-justices, à M. le comte de la Bourdonnay de Blossac, intendant du Poitou; Guergorlai, Pommerit et Leflech, à M. Magon de Boisgarin; Carnot et Kerjegu-Langle, à M. de Langle-Fleuriot; Kerbrat, Helles et Montafilan, aux seigneurs de Ploeuc; le prieuré de Carhaix, au prieur de la Collégiale; Callac, fief amorti, aux Bénédictins de Quimperlé; le prieuré de Landugen, idem; le prieuré du Loch-en-Maël-Pestivien, au commandeur du Paraclet; le prieuré de Kerléan, aux Dames de Nazareth de Vannes. Nous avons sur l'origine de Carhaix une dissertation que nous devons à M. Corret de Kerbeauffret, officier au régiment d'Angoumois, infanterie. Nous pensons que le public nous saura gré de lui faire part des réflexions de ce citoyen éclairé et estimable. L'opinion de ce savant est combattue par M. l'abbé Ruffelet, chanoine de l'église royale et collégiale de Saint-Brieuc, et auteur de plusieurs ouvrages qui ont eu du succès. Nous joindrons ici la dissertation et la critique, afin de mettre le lecteur à même de choisir. Nous aurions bien désiré avoir l'agrément de M. Corret à ce sujet; mais il est absent et très-éloigné. Nous osons croire qu'il ne s'offensera pas de notre façon de faire. La critique de M. l'abbé Ruffelet est si honnête, qu'on ne peut, sans injustice, lui en savoir mauvais gré. D'ailleurs, ces deux respectables écrivains se connaissent et s'estiment mutuel- ------------------ (2) On n'a pas encore établi de poste aux chevaux dans cette ville, par le défaut de ponts sur quelques-unes des six grandes routes qui y aboutissent. (Note de la 1ère édition)/ *********************** p. 140a : -lement. Unitis œtatis sunt res quœ fortiter fiunt, quœ vero pro Patriâ scribuntur, œterrus sunt (1). On perd aisément son pôle en marchant au milieu des ténèbres de l'antiquité, surtout quand on se laisse guider par l'imagination dans une carrière où l'on ne doit marcher qu'appuyé sur les faits, et le flambeau de l'histoire à la main. C'est ainsi que des traditions vagues, mille conjectures hasardées, un amas de fables transmises par nos pères, adoptées par eux, ont servi de base à la plupart des histoires anciennes, où le merveilleux et l'incroyable occupent, presque à chaque page, la place du naturel et du vrai. Pour se convaincre de cette vérité, qu'on parcoure l'histoire des nations, les fastes des cités les plus célèbres de l'antiquité; tout paraît y tenir du prodige et naître du merveilleux. Arrêtons-nous à ce qu'on a dit jusqu'ici de l'o- ----------------------- Cette dissertation est bien écrite et fait certainement honneur à l'érudition et aux talents de celui qui en est l'auteur : mais est-elle également solide et appuyée sur des monument certains et authentiques ? C'est ce dont tout le monde ne convient pas. Attribuer à Aétius, général des Romains, la fondation de Carhaix, c'est un sentiment nouveau fondé sur une prétendue étymologie. Mais une étymologie, que peut-elle contre des faits et contre les témoignages presque unanimes des plus célèbres géographes et historiens? Comment d'abord accorder ce sentiment avec ce que Strabon et Ptolémée nous disent de l'ancienne Vorganium ? Cette Vorganium n'était pas autre que Carhaix. C'est ce que nous explique, très-clairement, la Table de Peutinger. Cette table, l'un des plus précieux monuments qui nous restent de l'ancienne géographie, nous dit que Vorganium était situé entre Brest et Pontivi, à 15 lieues de la première et à 8 lieues de la seconde de ces villes. C'est justement la position de là ville de Carhaix. Gesocribate 45, Vorgium 25 Sulim; c'est-à-dire de Brest à Carhaix 45 milles, qui font 15 lieues, et de Carhaix à Pontivi 24 milles, qui font 8 lieues. On sait que Gesocribate était l'ancien nom de Brest, et Sulim celui de Pontivi, où il y avait autrefois un château nommé les Salles. Voila donc une ville à Carhaix, longtemps avant qu'il fût mention d'Aétius : car cette ville existait au moins du temps des deux géographes dont je viens de parler. Or, l'un a vécu dans le premier et l'autre dans le second siècle : et l'histoire ne commence à parler d'Aëtius que vers la fin du quatrième. Mais si cet Aétius n'est jamais venu en Bretagne, voilà bien une autre difficulté : comment lui attribuer la fondation de Carhaix ? On ne peut pas dire que c'est une supposition gratuite; et au contraire, je dis que c'en est une de lui faire faire ce voyage, lorsqu'aucun historien n'en a parlé. Ces historiens nous disent bien, il est vrai, que Litorius fut envoyé par les Romains contre les Armoriques , l'an 436, et qu'il remporta sur eux quelques avantages. Mais Litorius n'était point Aétius, et s'il a campé à Carhaix, ce que les historiens ne disent point, ce camp eût été celui de Litorius et non pas celui d'Aétius. L'auteur aimera-t-il mieux reculer de quelques années l'époque de la fondation de Carhaix, et l'attribuer au voyage d'Aétius, en 455 ? Mais encore, alors les historiens ne disent point qu'il entra en Bretagne, qu'il vint camper à Carhaix ; ils disent simplement qu'il reprit 1a ville de Tours, dont les Bretons s'étaient emparés sur les Romains; ils ne disent point qu'il pénétra plus avant, il parait même que les affaires de l'Empire ne le lui permirent pas : voilà du moins a quoi se borne leur témoignage. Toute l'histoire du camp de Carhaix ne paraît donc imaginée que pour établir une étymologie qui, supposé la vérité du fait, ne serait pas même à l'abri de toute difficulté. Mais pour ne point trop grossir cette petite dissertation, je me contenterai de l'appuyer d'une dernière preuve, qui paraîtra peut-être d'autant plus décisive que c'est l'auteur du nouveau systeme qui me la fournit lui-même. Il nous cite les antiquités de Carhaix, il nous parle des débris de colonnes de statues, d'aqueducs, des traces de voies romaines qu'on y remarque encore aujourd'hui; mais ce sont ces antiqui- *********************** p. 140b - rigine de Keraës ou Carhaix (1), en Bretagne, Avant d'entreprendre de rétablir l'historique de cette ville, tel que je le conçois dans l'ordre des possibles; avant d'exposer mon sentiment sur on origine, je dois retracer ici les diverses opinions des auteurs qui en ont parlé avant moi. La ville de Keraës a été regardée par plusieurs historiens anciens comme le chef-lieu des Ossismiens, connu sous le nom de Vorganium ou de Forgium, dont palent Strabon, Ptolémée et Pomponius-Mela (2). La position de cette ville, au centre de l'Armorique, semblerait même, en quelque sorte, venir à l'appui de leur opinion ; mais ce sentiment n'étant étayé d'aucune preuve fondée sur l'histoire, on n'aperçoit, dans l'opinion de ces auteurs , aucune raison d'y déférer. Albert-le-Grand, venu depuis, sans indiquer la source où il a puisé l'anecdote qu'il rapporte de Keraës, attribue la fondation de cette ville à une princesse nommée Ahes (3), -------------------- II vaut donc beaucoup mieux laisser Carhaix dans l'ancienne possession où elle a toujours été de passer pour une ville très ancienne, et pour avoir même été, suivant plusieurs, l'ancienne capitale des Ossismiens, l'un des principaux peuples de notre Armorique. On ne sera point surpris alors d'y trouver tous ces précieux restes d'antiquités, dont les Romains se sont plus à l'embellir pendant les quatre ou cinq siècles qu'ils en ont été en possession : c'est-à-dire depuis la conquête de Jules César jusqu'au passage de Maxime dans les Gaules. Voilà, Monsieur, les réflexions que j'ai faites sur la dissertation que nous donne M. Corret (*). On doit être surpris de voir un citoyen si propre à illustrer sa patrie par ses talents employer ces mêmes talents à lui dérober quelque chose de sa célébrité, eu lui ôtant de son ancienneté, (Note de lu 1ère édition) (1) On prononce en français Carhaix, mais cette prononciation est vicieuse; c'est une de ces complaisances que le Français, jaloux de se montrer toujours civil, même aux dépens des mots, s'est permise, par égard sans doute pour la délicatesse de l'oreille. (Note la 1ère édition). (2) Keraës est peut-être la seule ville ancienne de Bretagne dont le nom celtique se soit conservé jusqu'ici sans altération. Comme cette ville ne se trouve pas sous cette dénomination parmi les cités de la troisième Lyonnaise, ni dans la petite Notice des provinces de l'empire, dressée sur la fin du IV siècle ou au commencement du V, il est probable qu'elle a été bâtie postérieurement à cette époque, comme je tacherai de le démontrer, et, par conséquent, qu'elle ne peut être le Vorganium de César, de Ptolémée, Strabon, etc. (Note de la 1ère édition.) (3) Ahes ou Achée, fille de Conan Meriadec, et selon ............; (suite page 141a) (*) II faut savoir que M. Ruffelet avait vu la dissertation de M. Corret long-temps avant l'impression de ce Dictionnaire. *********************** p. 141a ... qui vivait dans le Vè siècle; mais la gravité de l'histoire rejette aujourd'hui avec mépris tous les contes et fables que nous a laissés cet écrivain, auteur d'une Vie des saints de Bretagne. C'est au nombre de ses rêveries, parmi les paradoxes qu'il a pris plaisir d'enfanter, qu'on doit reléguer son assertion sur l'origine de la ville de Keraës. Un nouveau champ s'ouvrant aux conjectures sur l'origine de cette ville, plusieurs modernes ont été jusqu'à regarder Keraës comme le Keris (1) des anciens; et, par une légère transmutation de Keris en Keraës, ils se sont efforcés de rétablir sur la surface du globe une ville qui, depuis plusieurs siècles, semblait en être entièrement disparue. Dans ce conflit d'opinions sur l'origine de Keraës, les premiers moments de son existence ne semblaient pas bien dévoilés, quand un nouveau jour a paru luire sur son origine, dans une remarque de l'auteur de l'histoire ecclésiastique de Bretagne, où il prétend démontrer que l'étymologic de Keraës vient du mot celtique Kercheïc (2), qui, selon lui, veut dire perdrix. (Voy. le livre intitulé : Introduction à l'Histoire ecclésiastique de Bretagne, p. 61, par M. Deric, chanoine de Dol. ) Telles sont les diverses opinions que j'ai pu recueillir sur l'origine de la ville de Keraës, ma patrie; mais, comme elles m'ont paru de nature à ne pouvoir satisfaire que cette classe d'hommes dont l'imagination, formée pour le merveilleux, se méfie toujours de ce qui est naturel, et ne donne de créance entière qu'à ce qui est absurde, je vais hasarder de donner plus de consistance à mes recherches, en les fondant au moins sur l'ordre naturel des faits, sur l'approximation du vrai, si je ne puis les établir sur la vérité elle-même; déclarant être prêt à me rendre à toute personne qu! se présentera avec des preuves mieux fondées en raison que celles que je vais tâcher de développer ici sur l'origine de la ville de Keraës. Les peuples les plus célèbres de l'antiquité, les Romains, jaloux de transmettre à la postérité le souvenir de leurs exploits, ne se bornèrent pas à élever, dans les pays de conquêtes, les monuments de leur grandeur, les pyramides et les arcs de triomphe qui, en saisissant notre admiration, nous frappent encore ... ------------------- (1) La ville d'Is , célèbre dans l'idée des gens qui aiment à se repaître de fables, fut engloutie, suivant la tradition vulgaire, au temps du roi Grallon, pour punition de crimes de ses habitants. Les uns la placent a l'entrée du port d'Audierne; d'autres à l'extrémité de la baie Douarnenez; d'autres à l'embouchure de la rivière Quimper; d'autres enfin à Keraës. Mais l'opinion la plu probable est qu'elle n'exista jamais. (Note de la 1è édition). (2) Kerc-heic est le cri qu'on attribue à la perdrix, et non pas sou nom, comme l'annonce M. Déric. Le nom de la perdrix en breton est clughicar, qui veut dire poule qui se motte, qui se tapit. D'ailleurs quelle ressemblance, que air de famille y a-t-il entre Keraës et Kercheic ? (Note de la 1è édition). *********************** p. 141b ... d'étonnement. Leurs camps, fortifiés par leur industrie, embellis par leurs soins, transformés en de grandes cités, empruntant le nom des généraux ou des principaux citoyens de la réubliqne, formèrent, dans la suite, les villes célèbres, connues depuis sous le nom de leurs fondateurs; telle, entr'autres, en remontant à une origine ancienne, est la ville de Keraës, en Bretagne. Afin de marcher avec plus d'ordre et de méthode dans les détails historiques de cette ville, je dois d'abord parcourir les principaux faits qui se rapportent à Aëtius (1), son fondateur, celui que j'envisage comme tel. Aëtius, gouverneur des Gaules, général des troupes de Valentinien III (le même qui vainquit Attila dans les champs Catalauniques, et qui sauva l'Empire des incursions des Huns), après avoir forcé l es Francs d'abandonner les Gaules et de repasser le Rhin, marcha contre les Bretons Armoriques (2) qui, de concert avec les Bagaudes et les Alains, s'étaient soulevés en 435. Ce général, laissant à Litorius, son lieutenant, le commandement d'une partie de son armée avec ordre de continuer la guerre, même pendant 'hiver, contre les Bagaudes, qui habitaient le long de la Loire, du Clain et de l'Allier, alla lui-même établir son camp au centre de l'Armorique (3), à l'endroit où est aujourd'hui Keraës, pour être plus à portée de réduire les rebelles. Les Bretons ayant été soumis, ou plutôt réprimés (car il paraît par l'histoire qu'ils n'entrèrent jamais dans une dépendance entière aux lois de l'Empire), le vainqueur, après avoir imposé son nom au camp qu'il avait occupé en Bretagne (4), et jeté les fondements le la ville de Keraës, marcha de nouveau vers les Gaules septentrionales pour s'opposer à la seconde incursion des Francs, conduits par Clodion, leur chef (5). C'est à l'époque du départ d'Aétius pour l'Armorique, et au commencement de l'année 436, qu'on doit rapporter l'événement qui donna naissance à la ville de Keraës. La vraisemblance seule, au défaut d'autres ... ------------------- (2) Vide Sicton Carm., 5, 7, et ibid.; voy. Le Beau, Hist. du Bas-Empire, liv. XXXI, p. 98, t. 7 ; voy. les notes du P. Sirmond sur les vers de Sidonius Appollinaris, liv. I; vide Tillemon, in Valent. III, art. 11. (Note de la 1è édition) (3) Voy. les remarques du moine Eric, subacta Armorica, liv. I : uot. Sirm., liv. I. (Note de la lè édition.) (4) Les Romains appelaient stativa les camps où ils hivernaient; et comme ils y passaient souvent deux ou trois années de suite, ils les fortifiaient extraordinairement. Ces camps, une fois abandonnés, devenaient l'asyle des Barbares, qui, pour se garantir des entreprises hostiles, de la violence et du brigandage. s'y réfugiaient en foule; ces mêmes camps prenaient la forme de ville, et retenaient le nom de ceux qui les avaient construits. Telles sont les villes de Grenoble, Cherbourg, Keraës, Gratianopolis, Cœsaris-Burgus, Urbs Aëtia, etc. Vide Tillemon, in Valent., III, art. 11. (Note de la lè édition.) (5) L'Armorique, se voyant abandonnée par l'armée d'Aëtius, commença à vivre sous ses propres lois. ( voy, Sozime, liv. VI, chap. 11.) (Note de la Iè édition). *********************** 142a ... preuves, semblerait tenir ici lieu de certitude, en ne proportionnant sa persuasion qu'a l'enchaînement des circonstances et des faits que l'on vient de rapporter; mais ce qui, au défaut de l'histoire même, conduirait aune conviction entière et presque indubitable à l'égard du fondateur de Carhaix, est le rapport et l'analogie exacte et si parfaite du nom d'Aëius avec celui de la ville qu'il fonda dans l'Armorique. En effet, le nom breton ou celtique Keraës, qui, dans la version française, veut dire ville d'Aës, est encore rendu dans le même sens par le latin, urbs Aesia, sive urbs Aësia, ville d'Aës, ville Aëtienne, ville d'Aëtius; de même que urbs Roma sous-entend ville de Rome, ville Romaine, ville de Romulus. Il semble qu'on ne puisse prendre de sentiments de défiance contre ces dernières présomptions, contre un concours de faits et de circonstances en partie fondés sur l'histoire, à moins de vouloir révoquer en doute toute vérité historique, et s'élever contre la vraisemblance qui paraît occuper ici la même place que l'évidence et la certitude. La ville de Carhaix ou de Keraës a donc l'avantage de reconnaître pour son fondateur un des plus grands hommes que Rome ait produits. Cette ville, bâtie il y a environ mil trois cent quarante ans et par conséquent une des plus anciennes de l'Armorique, a encore l'avantage d'avoir en soi plusieurs vestiges précieux de l'antiquité, des fragments curieux de colonnes, de statues, etc. Mais ce qu'elle offre de plus remarquable à l'admiration des amateurs de monuments anciens, et à la curiosité des étrangers, sont deux superbes aqueducs qui ont été découverts depuis peu d'années : ouvrage des Romains, digne de ces grands hommes, conservé, pour ainsi dire, en son entier. Ces aqueducs, ou canaux voûtés, ont deux pieds de large sur trois de haut : leur maçonnerie, d'une construction singulière, consiste en de petites pierres et des morceaux de briques encastrés et jetés dans tous les sens sur un enduit de ciment, le tout recouvert d'un autre enduit de ciment bien uni et aplani par dessus. Ils ressemblent parfaitement, quant à la bâtisse et à la forme, à ceux qu'on voit à Nîmes, à Saint-Rémi, à Arles et dans les environs de la plupart des villes fondées par les Romains, ce qui ne permet pas de douter que Keraës ne soit leur ouvrage. Un de ces canaux aboutit au nord, dans la campagne, à une espèce de citerne d'environ cinq pieds de diamètre; l'autre, à une cave appartenant à M. de Kernaëret. Avant la confection des grandes routes dans la Basse-Bretagne, on voyait encore aux environs de Keraës, particulièrement sur les chemins de Nantes et de Brest, plusieurs débris de la voie romaine, désignée dans la table de Peutinger (1), et que les paysans du pays nommaient ... ------------------- *********************** 142b ... par tradition Hentaës, chemin d'Aës. On en voit encore des vestiges auprès de Carhaix et des environs, surtout, près la forêt de Beffou, sur la route de Lannion, et jusqu'à Brest. Quelques-uns prétendent que ces chemins furent construits par les ordres de la duchesse Anne; mais cette opinion n'est pas admissible. Ils furent commencés par Auguste, et continués par Agrippa, son gendre. Le vulgaire les appelle chaussées de Brunehaut* ou les chemins ferrés. En creusant les fondements de nouveaux édifices, on a trouvé quantité de tuiles posées, par assises réglées, sur des lits de ciment, la plupart conservées dans leur entier, et ayant environ deux pieds de long sur seize à dix-sept pouces de large et deux pouces d'épaisseur. Ces briques, dont l'usage est entièrement inconnu à I^aës, sont de la forme de celles dont les Romains s mis se servaient pour asseoir la base de leurs édifices : au moyen d'une entaille pratiquée à l'extrémité de ces énormes briques, elles devenaient faciles à transporter entre les mains des ouvriers. En continuant les mêmes fouilles, on a trouvé des bronzes antiques, des médailles en argent et en cuivre de divers empereurs, etc. Telles sont les découvertes faites de nos jours à Keraës; découvertes qui semblent concourir, avec les preuves établies sur son origine, à assigner à cette ville un rang parmi les cités du royaume qui tirent le plus de lustre de leur antiquité (1). Albert le Grand dit qu'en 878, les Normands, joints aux Danois, prirent et ruinèrent cette ville, ainsi que plusieurs autres de la Basse-Bretagne. L'an 1108, Tangui, vicomte de Poher, fonda, en faveur des bénédictins de Redon, le prieuré de Saint-Nicolas de Carhaix; fondation qui fut approuvée dans la fuite par Benoît, troisième du nom, évêque de Quimper. L'an 1131, Alain, vicomte du château de la Noë, fonda aussi, en faveur des mêmes religieux, le prieuré ou chapellenie de la Coarde, sur la paroisse de Bieuzi, évêché de Vannes. Ces deux prieurés on tété réunis, et le prieur de la collégiale de Carhaix les possède depuis long-temps. C'est cette possession qui lui donne la première place au chapitre de cette église : mais on ne sait point à quelle époque et de quelle manière fut fait cet arrangement. On peut seulement conjecturer qu'après les deux fondations annexées et réunies, on envoya en cette ville cinq bénédictins pour y for-... ------------------- ... indiquait les voies romaines dans les Gaules et la distance des villes. Elle fut dressée par ordre de Théodose le jeune, ou, selon d'autres, sous les empereurs Valens et Valentinien, pour la commodité des armées romaines. (Note de la 1è édition.) (1) Le R. P. prieur des carmes de Keraës est en possession d'une précieuse collection de ces médailles. Son cabinet d'histoire naturelle est l'ouvrage du goût et de la recherche la plus savante dans le choix des morceaux : l'accès en est libre à tous les amateurs, et la politesse de ce religieux est telle, que la curiosité la plus importune ne l'altère en aucune façon. (Note de la 1è édition) *********************** 143a -mer un chapitre, et desservir les fondations Ces religieux furent successivement remplacés par des prêtres séculiers, qui jouissent aujourd'hui des revenus des deux prieurés qui sont en commende. Celui de la Coarde est entièrement au prieur; les chanoines n'ont rien à y prétendre : ils partagent seulement avec lui les revenus de celui de Saint-Nicolas. C'est tout ce qu'on sait sur l'origine et l'établissement de la collégiale de Carhaix. Quelques-uns prétendent qu'elle a été érigée par un duc de Bretagne; ce sentiment est probable, mais on ne doit pas le regarder comme une vérité incontestable, puisqu'il n'est étayé d'aucune preuve convaincante. L'an 1197, Richard II, roi d'Angleterre, arriva en Bretagne à la tête d'une armée nombreuse, qui se répandit comme un torrent dans cette province, où elle mettait tout à feu et à sang. Ces étrangers féroces n'épargnaient pas mêmes les enfants, qu'ils poursuivaient dans les retraites les plus cachées, où ils les brûlaient lorsqu'ils ne pouvaient avoir le barbare plaisir de les immoler eux-mêmes. A la vue de tant de massacres, Alain de Dinan et, plusieurs autres seigneurs bretons rassemblèrent des troupes, et marchèrent contre l'ennemi commun, qu'ils joignirent auprès de Carhaix. La fureur était égale de part et d'autre : aussi combattait-on avec tout l'acharnement possible. Au fort de la mêlée, Alain, chef de l'armée bretonne, ayant aperçu le roi d'Angleterre, courut à lui, et lui porta un coup si violent que sa lance se rompit contre le bouclier de son ennemi. Au même instant, l'armée anglaise commença à lâcher pied, et céda la victoire aux Bretons. Le roi lui-même ne dut son salut qu'à la vitesse de son cheval, qui le déroba à la poursuite d'Alain et de ses compagnons, qui lui tuèrent un grand nombre des siens. En 1283, Henri d'Avaugour donne au duc de Bretagne des otages qui s'obligent à demeurer dans la ville de Carhaix jusqu'après l'entière exécution des engagements que le même Henri avait pris avec son souverain. En 1341, le comte de Montfort mit le siège devant Carhaix, qui était alors une place très-forte, ainsi que son château, qui était gardé par Yves de Trésiguidi, évêque de Saint-Pol- de-Léon , oncle de Henri de Léon. Ce prélat, à la sollicitation de son neveu, consentit à soumettre cette ville à l'obéissance du comte de Montfort, à condition pourtant qu'il ne le reconnaîtrait pour seigneur et légitime souverain de Bretagne que lorsqu'il serait prouvé qu'il avait meilleur droit que Charles de Blois à la possession du duché; bon prétexte pour se détacher du comte dans l'occasion. — 1342 jusqu'à 1363. Charles de Blois assiège et prend Carhaix, dont il fait réparer les fortifications, qui sont à peine achevées que le comte de Northampton , général des Anglais venus au secours du comte de Montfort, y accourt avec son armée, et s'en empare l'an 1345. Charles de Blois reprend cette ville quelque temps après; mais vaincu et fait prisonnier à la bataille de la Rochederien, il est forcé de la rendre aux Anglais, qui l'y mènent avec eux le 21 juin 1347. Du Guesclin l'assiège en 1363; la garnison demande à capituler après un siège de six semaines, et obtient la liberté de sortir vie et bagues sauves. L'année suivante, Charles de Blois est tué à la bataille d'Auray, et Carhaix se soumet au comte de Montfort, à l'exemple du reste de la Bretagne. En 1381, la paix est conclue et jurée entre Charles VI, roi de France, et Jean IV, duc de Bretagne. Elle est ratifiée par les évêques et les principaux seigneurs bretons, du nombre desquels étaient Guillaume de Quelen, capitaine, et Rolland, son frère, connétable à Carhaix. Les pères Augustins, établis à Carhaix l'an 1416, reconnaissent pour leur fondateur messire Claude de Lannion, gouverneur des villes de Vannes et d'Auray, baron du Vieux-Châtel et seigneur de Quelen. La maison de Quelen de Kerohan représente aujourd'hui ce premier fondateur, par le retrait qu'elle vient de faire de la terre et seigneurie de Quelen. En 1448, la ville de Carhaix est donnée en échange au connétable de Richemont par l'amiral de Coëtivi. Ce connétable, devenu depuis duc de Bretagne, sous le nom d'Arthur III, assigne à la duchesse Françoise d'Amboise, douairière de Bretagne, tant pour son douaire que pour les acquêts où elle devait avoir part, 7,000 livres de rente à prendre sur Carhaix et autres villes, le 26 septembre 1459. L'hôpital général fut fondé, eu 1478, par messire Maurice du Mné du Perrier, qui y exerça l'hospitalité le reste de ses jours. Le nouveau clocher de l'église collégiale, qui est très-beau, fut commencé en 1529, et fini en 1535, suivant l'inscription que l'on y voit. Il fut alors couronné d'une flèche en plomb de cent pieds de hauteur. La foudre, qui l'avait déjà frappée plusieurs lois, la réduisit presque à rien l'an 1725 ou 1726. Par édit du roi Charles IX, donné à Châteaubriant au mois d'octobre 1565, les jurisdictions de Gourin, de Châteauneuf-du-Faou, de Duault-Quelen, de Landeleau et du Huelgouet, furent unies et incorporées au siège royal le Carhaix. Depuis ce temps, les dispositions de l'édit ont été changées : Châteauneuf-du-Faou et Gourin sont encore aujourd'hui jurisdictions royales. En 1590, du Liscouet, gentilhomme au service du roi Henri IV, à la tête des troupes de ce monarque, attaqua et prit Carhaix, qu'il fit piller par ses soldats. Les habitants des paroisses voisines, alarmés de voir l'ennemi maître de cette ville, sonnèrent le tocsin, et formèrent en peu de temps un corps assez nombreux. Ils se munirent comme ils purent d'armes, et choisirent pour leur capitaine un gentilhomme nommé Lanridon, qui, connaissant tout le péril auquel ils s'exposaient, leur fit, à ce sujet, les plus vives représentations. Rien ne put les détourner de leur dessein; ils forcèrent ce gentilhomme de se mettre à leur tète, en le menaçant de le tuer sur-le-champ, s'il n'acceptait le commandement qu'on lui offrait. Pendant cet entretien, ceux qui étaient auprès de lui le piquaient par derrière pour le faire avancer plus vite; de sorte que, ne pouvant se débarrasser de leurs mains, il consentit à tout ce qu'ils voulurent, et conduisit vers Carhaix cette troupe imprudente et grossière, qui le suivait en poussant de grands cris. Le chef de l'armée royale, informé de la route qu'ils tenaient, les fit tomber dans une embuscade où ils furent tous taillés en pièces avec leur malheureux général. Un sort aussi affreux aurait pu intimider les autres; mais on sait trop que lorsque le fanatisme s'empare des hommes, il détruit en eux la raison et la prudence, comme tout sentiment de douceur et d'humanité. Après la défaite de ceux-ci, il s'en rassembla dès le lendemain un bien plus grand nombre, qui, sous la conduite d'un prêtre et d'un gentilhomme du pays, nommé du Bérif, jurèrent de se venger des maux que leur avaient faits les Français. En passant dans l'endroit où s'était livré le combat la veille, ils trouvèrent les corps de leurs compatriotes étendus sur le champ de bataille; ils les accusèrent de lâcheté et de maladresse, et leur promirent une vengeance prompte et terrible. Arrivés aux portes de la ville, ils y entrèrent confusément sans attendre les ordres de leurs chefs. D'abord ils se crurent les maîtres, parce que les Français s'étaient cachés dans une embuscade, dan l'espérance de les accabler plus facilement lorsqu'ils les verraient sans défiance. Ce qu'ils avaient prévu arriva. Les paysans se dispersèrent, et se mirent à courir ça et là : tout à coup les Français firent sur eux une décharge de mousqueterie qu'ils essuyèrent avec courage; ils soutinrent même quelque temps le combat; mais le capitaine du Liscouet, arrivant avec sa cavalerie vint les prendre à dos, et les poussa vivement. Ils se trouvèrent alors fort embarrassés : ils auraient bien voulu fuir; mais tous les passages étaient bouchés; de sorte qu'ils furent presque tous tué avec leurs commandants. Du Liscouet, qui avait eu la main droite coupée d'un coup de hache dans le combat, fit mettre le feu, pour se venger, aux quatre coins de la ville de Carhaix qu'il réduisit en cendres avant de la quitter. La défaite d'un aussi grand nombre de paysans répandit une telle consternation parmi les autres, qu'ils abandonnèrent le dessein où ils étaient depuis quelque temps d'attaquer tous les gentilshommes dans leurs maisons, et de les y exterminer. — L'an 1592 , Gui Eder, connu sous le nom de Fontenelle, seigneur du vieux bourg de Quintin, mit à contribution et pilla la Basse-Bretagne avec des troupes assez nombreuses, qu'il avait ramassées en différents endroits, et se rendit ensuite à Carhaix, qu'il prit, et dont il fit fortifier l'église pour lui servir de retraite et y déposer le butin dont il était chargé. De là faisait des courses dans les environs, qu'il désolait par des cruautés qui le feront détester de postérité, comme il le fut de ses contemporains. — La communauté des religieuses ursulines fut fondée en 1644, par demoiselle Marie Olymant, dame de Kerharo, du temps de M. René du Louet, évêque de Quimper. Le contrat est du 1er septembre 1644. On remarque au grand-autel de l'église de ce couvent dix colonnes d'un beau marbre noir et rouge, de l'ordre corinthien et de l'ordre composite, et un tableau représentant l'Assomption de la sainte Vierge, morceau très-estimé.— Le couvent des carmes déchaussés fut fondé à Carhaix comme hospice, par lettres-latentes du mois d'avril 1658, pour recevoir les malades du monastère des carmes de Saint-Sauveur, situé pour lors à une lieue et demie de Carhaix, et transféré depuis dans la ville de Rennes. Les carmes acquirent, pour fonder leur hospice, l'ancien château et la maison du gouverneur, avec quelques dépendances, dont une partie forme la rue nommée des Carmes. La maison de ces religieux est aujourd'hui très-belle, — La communauté des hospitalières fut fondée vers l'an 1663, à la demande des habitants de Carhaix, qui engagèrent M. du Mné du Terrier, sieur Dubois-Garin, à supplier M. du Louet, évêque de Quimper, d'approuver cet établissement, utile au soulagement des pauvres et des malades. Le prélat approuva ces vues charitables, et envoya à Carhaix trois religieuses hospitalières de Quimper pour commencer l'exercice de leurs pénibles et louables fonctions. Elles y arrivèrent le 14 juillet de cette année, et furent logées, 1° à l'hôpital général; 2° dans une maison particulière de la ville, et de là transférées, le 1er juillet 1665, au monastère qui fut bâti pour elles, et qu'elles ont toujours occupé depuis. Cette communauté, toujours bien composée, continue de rendre les plus grands services à la ville, à ses habilants et aux troupes de Sa Majesté. La maison est bien bâtie, assez grande pour les religieuses , mais trop petite pour les pauvres et les gens de guerre. — On croit que la chapelle de Saint-Pierre, ou de la Congrégation, était anciennement la chapelle du château de Carhaix, qui était à sa proximité. Ce château sert aujourd'hui de couvent aux carmes, comme nous l'avons dit ci-devant. Il ne subsiste plus, des fortifications autrefois assez considérables de cette ville, que des restes de murs et les vides des portes de Rennes et de Motref, qui ont été détruites il y a quelques années. En 1675 , il y eut à Carhaix des révoltes considérables, à l'occasion des nouveaux droits du papier timbré, du contrôle, etc. On en a des relations bien circonstanciées, qui prouvent quels furent la fureur et les excès des révoltés. Le château du Kergoat, en la paroisse de Saint-Hernin, près Carhaix, fut dans le même temps entièrement incendié par les vassaux de M. Trevigni, seigneur de cette terre.(Voy. Saint-Hernin.) Observations particulières. Cette ville, qui avait jadis une grande étendue, est encore distinguée par le Grand et le Petit Carhaix, ou haute et basse ville. L'air y est pur par son élévation et sa belle position; les eaux vives et salutaires. Le bœuf, le gibier de toute espèce, la perdrix surtout, le beurre, le laitage et toutes les denrées y sont excellentes, et sont peut-être ce qu'il y a de meilleur en Bretagne en ce genre. Les terres et les prairies, qui font un objet intéressant pour les habitants de la campagne, sont d'un très-bon rapport, et très-avantageux, surtout pour les fermiers ruraux et leurs seigneurs propriétaires, d'autant plus que le seul commerce des agriculteurs est, à bien dire, celui des bestiaux, lequel est très-considérable par les foires renommées et multipliées qui s'y tiennent. La ville de Carhaix, quoique très-élevée, a encore au loin de grandes montagnes qui semblent la cerner de toutes parts, et leur intérieur offre le plus beau pays de la nature, couvert de bois, fertile eu seigle, avoine et sarrasin, et d'excellents pâturages. Il passe au Petit Carhaix une belle rivière qui prend sa source de plus loin, que les anciens appelaient la rivière d'Aës, et qu'on nomme aujourd'hui la rivière d'Hière. Elle se joint à la rivière d'Aulne, aux ponts de Pratulo, et à plusieurs autres, jusqu'à la rade de Brest, où est son embouchure; mais on n'a pas encore entrepris de la rendre navigable. Avec tous ces avantages précieux, la ville de Carhaix est déserte, n'a plus qu'un très-petit nombre d'habitants assez peu industrieux, se détruit et n'est plus habitée que par ceux, à bien dire, qui y tiennent par état. Si la province faisait faire un chef-lieu de correspondance à Carhaix, qui est véritablement le centre de la Basse-Bretagne, et rendre sa rivière navigable, ou au moins flottable jusqu'au port Launay, entrée de la rade de Brest, cette ville importante recevrait des environs toutes les denrées nécessaires, les merrains, les bois de construction et autres, des forêts du roi et de celles des seigneurs et des particuliers. On augmenterait par ce moyen les tanneries de Carhaix et des environs, et l'on y ferait des salaisons supérieures à toutes autres, tant pour la marine royale que pour la marine marchande. On augmenterait encore et avec émulation la culture des chanvres; on ne serait obligé, dam aucun cas, de recourir à l'étranger, et l'on ferait en tout genre le bien général et celui du particulier. Ces réflexions, ces raisonnement ne portent point sur des objets imaginaires, sur des biens chimériques; ce sont les vues d'un citoyen zélé, qui aperçoit l'avantage public et qui le désire. Il ne propose point des objets impossibles dans l'exécution : ce sont des entreprise faciles et utiles à la gloire de la nation comme au bonheur des particuliers. La ville de Brest est sans contredit une des places les plus importantes du royaume. Ses fortifications et sa position la mettent en état de braver les forces de l'ennemi : mais ne serait-il pas possible d'en tirer de plus grands avantages? Pourquoi aller chercher chez l'étranger des bois de construction, du chanvre, etc. ? La Bretagne n'a-t-elle pas des forêts capables de fournir les chantiers de cette ville, des terres à défricher, a cultiver, et des hommes que l'intérêt et le gain rendraient plus actifs, plus industrieux? Pourquoi faire venir de Nantes et autres endroits, avec lenteur et à grands frais, des comestibles qu'elle trouverait dans son voisinage ? Nous osons l'espérer, le gouvernement fera attention à l'utilité des établissements proposés par différents citoyens éclairés. Les maisons nobles de Kerempuil et de Goiremon se trouvent dans ce territoire. |