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Chapitre XI
(i)
Installation de Bretons (Britto-Romains)
en Armorique
par décision impériale
La délimitation du territoire originel
Essai de datation
Argument : La Petite Bretagne d'Armorique
a été créée par des Bretons venus de l'Ile de Bretagne
en compagnie de Maxime.
L'implantation de militaires Bretons en Armorique.
A quels Bretons (Britto-romains) Maxime a-t-il octroyé ce territoire?
L'identification de l'unité militaire en question n'est guère difficile à établir. En effet, nous avons vu que l'Ile de Bretagne entretenait trois légions permanentes depuis l'an 122 : la Legio II Augusta, basée à Rutupiae / Richborough, en charge de la protection de la Côte Saxonne; la Legio VI Victrix, basée à Eburacum / York, en charge de la garde du Mur; et la Legio XX Valeria Victrix, basée à Deva / Chester, en charge de la protection des côtes ouest de l'Ile contre les pirates scots et irlandais.
Or, après l'expédition continentale de Maxime, la Legio XX Valeria Victrix disparaît complètement des rôles de l'armée.
La Notitia Dignitatum ne cite plus que les deux autres.
On sait que plus tard, en 402, le consul Stilicon dégarnira la défense du Mur en rappelant en Italie la Legio VI Victrix pour combattre Alaric. Cette légion ne reviendra plus jamais en Ile de Bretagne.
Les usurpateurs suivants proclamés en Occident, Marc, puis Gratien en 406, Constantin III en 407, Maxime II, Jovin, affaibliront encore les réserves militaires bretonnes, ce dernier allant guerroyer jusque dans le sud de la Gaule et en Espagne, dans une situation de pagaille et de déconfiture politique et militaire face aux Visigoths.
Quant à ce qui reste alors de la Legio II Augusta, il quitte définitivement quitté l'Ile en 418. (42)
Les Bretons de Maxime sont donc essentiellement des éléments de la Legio XX Valeria Victrix.
On notera pour appuyer ce propos que des Seguntienses sont cités dans l'épopée de Maxime (43), en précisant que Seguntium / Caernarvon, ville du roi / comte Eudaf, de son fils Kynan, et de l'impératrice Hélène épouse de Maxime, est située au nord du Pays de Galles, et qu'elle dépend de Deva / Chester sa voisine.
Le recrutement de cette légion est à forte coloration locale, précisément en majorité des Cornovii, sur le territoire desquels se trouve Chester. Il s'agit d'une légion composée à majorité de Britto-romains parlant l'idiome local, l'encadrement seul parlant le latin de cuisine (des popotes de l'armée !) où s'entrecroisent des militaires d'une dizaine de nationalités et donc de parlers différents. Notons aussi que la Legio XX Valeria Victrix est probablement la seule légion à majorité celtisante de la fin du IVè siècle.
Le choix de cette unité est parfaitement judicieux, puisqu'il s'agit d'implanter dans le territoire défini ci-avant des gens d'origine et de langue très voisines de celles des populations autochtones, avec lesquelles ils ont des relations très anciennes, sinon parfois familiales, et comme elles habituées aux problèmes maritimes de cette partie de l'océan et de la Manche Ouest. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, ces éléments de la Legio XX Valeria Victrix se trouvent là dans un environnement proche de leur cadre naturel.
On peut aller encore plus loin dans la recherche de l'identification de cette unité bretonne. En effet, les légions sont constituées de plusieurs cohortes. Et même si les conditions de recrutement ont considérablement changé depuis le Haut Empire, il n'en reste pas moins que les légions de la fin du IVème siècle, même affaiblies et diminuées, conservent malgré tout une organisation hiérarchisée à partir des cohortes.
La Notitia Dignitatum nous donne les identités des unités composant la Legio II Augusta et la Legio VI Victrix en Ile de Bretagne, après Maxime. Elle est révélatrice de la diversité des origines du personnel des légions. Mais il est intéressant d'y noter la présence de la Ière cohorte cornovienne, basée à Pons Aelius / Newcastle Upon Tyne, sous les ordres d'un tribun. Cela démontre que des Cornovii continuent à cette époque à approvisionner l'armée en personnel. Cela tend à démontrer aussi que si on prend la peine de désigner cette unité par un chiffre, en l'occurrence ici la Ière cohorte, c'est que probablement il y a ailleurs d'autres cohortes du même nom ethnique, mais qui sont chiffrées autrement. On n'en n'a malheureusement aucune preuve.
On peut peut-être tenter alors un rapprochement avec une étymologie proposée, soit pour le Pagus Tricurius, en Cornouaille britannique, soit pour le Pagus Tricurius, c'est-à-dire le Trégor armoricain, si tant est que l'on peut voir en ce nom une éventuelle Cohor(ti)s tertia, transposée en ' Tri-c(..)or '. (44)
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