Retour au sommaire

Chapitre XIII

Restauration impériale

( compte tenu de la matière à traiter, ce chapitre est publié en chapitres séparés)

(utiliser les liens)

Constantin Ier

             

            2.  L'empereur Constantin Ier. 306/337.

            Dès la mort de son père, Constantin est proclamé auguste = empereur par les légions de Bretagne. Cette fois ci, l'élu de Bretagne aura plus de chance que les précédents, car il va gravir, non sans difficultés d'ailleurs, les degrés qui vont le conduire au pouvoir suprême, réunifié et incontesté, de l'empire romain du début du IVè siècle après J.C. Avec lui, la Bretagne va retrouver plus d'un demi siècle de tranquillité et de prospérité.

            Pour parer à d'éventuels dangers que représentent les Saxons au sud-est et les Pictes et les Scots au nord-ouest, sont créées des unités de patrouille navale, des éclaireurs, chargés de la reconnaissance et de la surveillance des côtes et des mers de Bretagne. Elles sont constituées de navires de faible taille, rapides, et peints en vert pour qu'ils puissent se confondre avec la couleur de la mer. Ces bateaux sont appelés pour cela pictae, c'est à dire les navires peints.(10)

            Mais c'est également de cette époque que date l'une des plus belles éloges faites à l'Ile de Bretagne (Panégyrique VII / IV/ I) :

            " O Bretagne fortunée et plus heureuse aujourd'hui que le reste du monde, toi qui la première a vu Constantin au rang de César. A juste titre la nature t'a dotée de tous les avantages du climat et du sol : tu ne connais ni les rigueurs excessives de l'hiver ni les ardeurs trop vives de l'été; tes terres sont si fécondes qu'elles t'assurent les doubles présents de Cérès et de Liber; tu n'as point en tes forêts de bêtes monstrueuses, ni de serpents dangereux sur ton sol, mais par contre une multitude infinie de paisibles troupeaux, aux mamelles gonflées de lait et aux toisons épaisses. Et en tout cas ceci qui te fait aimer la vie, tes jours sont très longs et aucune de tes nuits n'est sans quelque lumière, car la plaine qui s'étend à l'extrémité de tes rivages ne projette pas l'ombre et la vue du ciel et des étoiles dépasse la borne de la nuit : le soleil lui-même qui nous semble, à nous, se coucher, parait là-bas raser l'horizon. Dieux bons, pourquoi nous vient-il toujours de quelqu'une des plus lointaines limites de l'univers de nouvelles divinités s'offrir à la vénération du monde entier ? Ainsi Mercure, venu du Nil aux sources mystérieuses, ainsi Liber, venu des Indes, témoins, ou peu s'en faut de lever du soleil, se sont révélés aux peuples comme des divinités favorables. Les régions voisines du ciel sont sans doute plus sacrées que les régions sises au milieu des terres, et d'une contrée où finit la terre il est plus à la portée des dieux d'envoyer un empereur". (11)

            Constantin, l'empereur élu de Bretagne, a été sans conteste l'une des plus grande personnalités de cette période du Bas-Empire, quelque soit l'opinion que l'on peut en avoir, et il convient de souligner ici les traits et les actions principaux de ce personnage.

            Bien qu'élu auguste = empereur par ses propres soldats, Constantin n'est reconnu officiellement qu'au titre de césar = vice-empereur par Galère, lui-même auguste = empereur d'Orient. Il faut une scission entre Galère et Maximien pour que ce dernier se rallie à Constantin, en lui offrant titre d'auguste en même temps que sa fille Fausta en mariage, le 31 mars 307.

            La suite des évènements politiques est assez compliquée et ne fait d'ailleurs pas l'objet de notre étude. Toujours est-il que plusieurs augustes et césars trouvent la mort en l'espace de six années : Sévère est pris au piège par Maxence à Ravenne en avril 307 et contraint au suicide; Maximien, qui s'est soulevé contre Constantin, son gendre, est assiégé dans Massilia / Marseille en janvier 310 et contraint lui-aussi au suicide; Galère meurt d'un ulcère à Sardica le 05 mai 311; Maximin Daia, battu à Andrinopolis / Andrinoples  = Edirne par Licinus, s'enfuit et finit par s'empoisonner à Tarsus en 313; puis, dans le courant de cette même année, c'est l'empereur honoraire Dioclétien qui disparaît à son tour.

            En fin de compte, à la fin 313, le pouvoir impérial n'est plus détenu que par deux hommes, Licinus en Orient, et Constantin en Occident.

            La première décision commune de Licinus et de Constantin est de toute première importance. Il s'agit de la publication d'un édit impérial, à Mediolanum / Milan, en 313, qui reconnaît officiellement la liberté des cultes religieux au sein de l'empire romain. Cette décision permet l'éclosion entre autre de la religion chrétienne, à laquelle adhère presque sans réserves Constantin lui-même qui, par la même occasion, supprime le terrible supplice de la croix et du cruxifragium / brisement des jambes, encore en vigueur alors. (12)

            Cette disposition n'est pas sans arrière pensée car elle contraste de façon éloquente et tend à faire oublier la férocité dont Constantin a fait preuve vis a vis des prisonniers Francs qu'il avait fait jeter vivants en grand nombre aux fauves après son expédition au delà du Rhin en 306. (13)

            Il semble en tout cas que sa propre mère, Hélène, première épouse de Constance Chlore, ait été elle-même à l'origine de la conversion de son fils au christianisme. (14)

            Mais Constantin ne semble cependant pas y être venu directement car, après son avènement, il a évolué progressivement d'un monothéisme relatif dédié à Apollon, dieu du Soleil, ou peut-être Mithra, si l'on considère l'image du buste irradié de Sol Invictus / Soleil Invaincu figurant sur les monnaies de l'époque, avant d'arriver au christianisme, religion également monothéiste en pleine expansion et qui a touché désormais toutes les classes de la société romaine et provinciale.

            Ce cheminent n'est peut-être pas aussi désintéressé qu'il peut paraître car Constantin, qui n'a jamais caché ses ambitions personnelles, sait très bien, en fin politique, que son intérêt est de "coller" au plus près aux nouvelles idées montantes si celles-ci sont suffisamment solides, crédibles, et ancrées dans l'esprit du peuple. Constantin sait très bien qu'il ne peut demeurer empereur païen dans un empire qui est en train de devenir chrétien, peut-être malgré lui, et certainement malgré ses dirigeants. (15)

            Après cette prise de position se traduit par la tenue d'un grand concile, à Arelates / Arles, en Gaule méditerranéenne, en Occident, en 313, auquel assistent aussi trois évêques Britto-romains.

            Mais être grand empereur chrétien n'exclut pas pour autant l'amour de la guerre, cela se saurait, depuis le temps ! Et une dissension ne tarde pas à naître entre les deux augustes. Licinus est battu en 315 à Cibalis et Mardie, perdant ainsi la partie ouest de son empire. Constantin en profite pour se parer du tire "Britannicus Maximus" = (le plus) Grand (des) Breton(s), lui qui a été proclamé en Ile de Bretagne. (16)

            Huit ans plus tard, Licinus est battu à nouveau en 323, à Andrinople et à Chrysopolis, et s'enfuit en Nicomédie. Il y est capturé et déporté à Thessalonique où il meurt étranglé l'année suivante sous prétexte de conspiration. Constantin, dit le Grand, l'élu des Bretons, est désormais seul maître de l'empire romain tout entier.

            Comme en 313, son désir est de rester proche du peuple et c'est pourquoi, en 325, il convoque un concile à Nicée, en Asie-mineure, au cours duquel est combattu l'arianisme, doctrine qui a créé une certaine zizanie au sein de l'Église naissante, et au cours duquel est établi également le mode de calcul de la date des Pâques, unifiée pour être observée le même jour dans toutes les provinces de l'Empire.

            En 330, Constantin va porter à la Ville de Rome un coup fatal, en transportant le siège de l'empire à Byzance, rebaptisée dès lors Constantinopolis / Constantinople, la "Ville de Constantin".

            Enfin, au bout d'un long règne particulièrement important et riche en évènements politiques, religieux, et philosophiques majeurs, Constantin s'éteint à Achyrona, près de Nicomédie, le dimanche 22 mai 337, alors qu'il s'apprête à une expédition contre les Perses.

            Avant de disparaître, il confie son âme au dieu des Chrétiens, et se fait baptiser sur son lit de mort. Ainsi disparaît, à l'âge de 63 ans, le grand empereur élu des Bretons, et premier empereur chrétien de l'empire romain.

notes : Constantin Ier le Grand

Retour en tête de page