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Chapitre XVII
Le chant du cygne
(compte tenu de la matière à traiter, ce chapitre est publié en chapitres séparés)(utiliser les liens)
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2. Vortigern et Cunedda.
En 425, nous sommes sous le consulat de Théodose et de Valentinien III, la responsabilité de la Bretagne échoit à un personnage de noble extraction insulaire, originaire de Glevum / Gloucester. L'Histoire nous le fait connaître sous le nom de Vortigern, bien que son véritable nom semble être Vitalinus. (4)
L'éducation politique et militaire de Vortigern s'inspire en droite ligne des traditions romaines du Bas-Empire, à telle enseigne que lorsqu'il doit faire face à un danger extérieur, son réflexe immédiat est de faire appel à des mercenaires pour l'aider à se débarrasser de ses ennemis.
A peu près à la même époque, on voit apparaître un autre personnage important, dont l'activité se situe essentiellement au nord et à l'ouest de la province romaine de Bretagne. Il s'agit d'un certain Cunedda, qualifié par certains écrits de Gwledig, c'est à dire approximativement Dux Britanniarum.
La chronologie des évènements nous permet de penser qu'il s'agit très probablement d'un contemporain de Vortigern, agissant soit en qualité de chef de clan de la tribu des Votadini, dans la mouvance romaine entre les deux murs, soit d'un d'un officiel britto-romain, pourquoi pas collègue de Vortigern, chargé de la défense du nord et de l'ouest de l' Ile.
Cela est du domaine du possible, même si non démontré pour l'instant. (5)
Extrait de William Rees : An Historical Atlas of Wales |
3. Saint Germain d'Auxerre et Saint Loup de Troyes.
Le hasard fait que ces deux évêques gaulois se trouvent en Bretagne, en 429, en train de prêcher contre la propagande pélagienne (6), lorsque les Britto-romains du secteur où ils se trouvent ont à faire face à une nouvelle collusion de Barbares, probablement de Pictes et de Scots païens.
Pour les deux missionnaires, l'occasion est excellente de pouvoir associer la raison nationale à celle de la religion officielle de Rome, et c'est pourquoi ils n'hésitent pas à se mettre eux-mêmes à la tête de la résistance britto-romaine, à Verulamium / St Alban's.
Le jour de Pâques de l'an 429, après une embuscade bien préparée, Germain et Loup lancent leurs fidèles à l'assaut des Barbares, et en triomphent aux cris de Alleluia. (7)
Une fois de plus, la Bretagne romaine est sauvée, et l'église de Rome s'en trouve doublement victorieuse, à la fois contre les Païens et contre l'hérésie pélagienne, puisqu'il est évident que c'est grâce au dieu chrétien et à la foi catholique que les Britto-romains ont pu être vainqueurs.
Ceci dit, on aimerait bien pouvoir faire la part des choses entre ce qui est réellement historique et ce qui est de la propagande pro-chrétienne dans cet évènement.
4. Expédition de Cunedda à l'ouest.
Un autre problème qu'il devient urgent de régler pour les Britto-romains est celui d'Irlandais qui infestent la mer entre les deux îles et qui ont commencé à s'installer sur les côtes ouest de la Bretagne romaine.
C'est apparemment à Cunedda et à son clan que revient la charge de traiter cette affaire. Le chef breton n'hésite donc pas à quitter sa base du Gododdin et à prendre la direction d'une expédition en règles, en direction du nord de la péninsule que constitue aujourd'hui le Pays de Galles.
Il est assisté de ses huit fils : Osmael, Rumanus, Dunawd, Ceredig, Aflog, Einion Girth, Dogfael, Edern, et de son petit fils Meirion. (8).
Fonçant sur la forteresse de Deva / Chester / Y Gaer, puis vers le sud-ouest, ils en extirpent en peu de temps les Irlandais en y faisant " ... un immense massacre, tel que jamais ils ne revinrent s'y installer ...". (9)
L'action a du en effet être extrêmement percutante, puisque Patrick, pourtant Britto-romain lui-même, adresse une lettre à Caradec pour demander de cesser ses actions contre ses ouailles irlandaises, récemment acquises à la religion chrétienne. (10)
Mais quoi que l'on puisse penser de l'extrême brutalité de cette expédition, il faut bien comprendre que les méthodes de guerre aussi bien que leurs motivations ont bien changé depuis le retrait des troupes romaines régulières de l'Ile. Les chefs bretons n'ayant guère d'autres moyens d'être honorés pour leurs services rendus, se payent d'eux-mêmes en prenant possession purement et simplement, pour eux et leurs familles, des contrées dans lesquelles ils combattent. C'est ainsi que de libérateurs ils deviennent souvent eux-mêmes à leur tour des conquérants et des occupants.
Tout le nord de l'actuel Pays de Galles est témoin, dans sa toponymie, du passage et de la main mise des membres du clan de Cunedda : Rumanus est repérable derrière le nom de Rhufuniog; Dunawd au Dunoding; Ceredig en Ceredigion (Cardiganshire); Aflog en Afloegion; Dogmael en Dogfeiling; Edern en Edyrnion; Meirion en Merionydd. Seul, apparemment, Einion n'a pas laissé de de toponyme. (11)
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