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Exposé historique

 

L'EPOPEE de MAGNUS MAXIMUS

 ( MAXEN GWLEDIG )

383-388

ASPECT HISTORIQUE

( Extrait de : Histoire des Bretons en Grande-Bretagne )

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   "La disparition de Valentinien Ier, en novembre 375, fait échoir la responsabilité de l'empire à Valens et a ses deux neveux Gratien et Valentinien II, âgés respectivement de seize et quatre ans.

   Cette triarchie ne dure pas bien longtemps car, le 9 août 378, Valens est écrasé par les Goths et les Ostrogoths et massacré avec toute sa suite, à Andrinople. De ce fait, et compte tenu du trop jeune âge de son frère, c'est maintenant Gratien qui détient le pouvoir. Mais celui-ci, considérant cette charge trop lourde pour un jeune homme de son âge, associe à l'empire un Espagnol, du nom de Théodose, qui n'est autre que le fils du comte Théodose, qui a rétabli la situation en Bretagne, en 370. Le jeune Théodose, âgé de trente-trois ans, est nommé par Gratien empereur d'Orient, à Sirmium, le 19 janvier 379, et rejoint aussitôt Constantinople, sa capitale.

   Le jeune Valentinien II, quant à lui, reçoit la préfecture d'Italie et s'installe à Mediolanum, où il règne sous la tutelle de sa mère, Justine.

   A peine quatre ans plus tard, la Bretagne revient au devant de la scène politique, car ses légions proclament empereur l'un des leurs, un général d'origine espagnole, connu sous le nom de Magnus Clemens Maximus. Il est connu chez les Bretons sous le nom de Maxen Gwledig et est très apprécié localement pour ses combats victorieux contre les Pictes et les Scots. Il semble qu'il ait été intime de Théodose.

   Aussitôt proclamé, Maxime traverse le détroit à la tête d'un fort contingent de l'armée de Bretagne et débarque en Gaule, où il se fait imposer au moyen de méthodes parfois cruelles et sanguinaires, tout en se prétendant parent ou allié de l'empereur Théodose.

   Gratien, l'empereur d'Occident, se porte aussitôt en toute hâte à la rencontre de Maxime pour le combattre, mais se fait sévèrement écraser près de Lutèce. Il est contraint de s'enfuir avec les trois cents cavaliers qui lui restent, mais est rapidement rejoint par Andragathius, maître de la cavalerie de Maxime. Gratien est pris et exécuté à Lugdunum, le 15 août 383. Au nombre des victimes importantes se trouve le Germain Balio (ou Vallio), maître de la cavalerie de Gratien. Il semble que ce dernier ait été brûlé vif à Chalon.

   Débarrassé de l'empereur, Maxime s'empare alors de Trêves, où il fixe la capitale de son nouvel empire. Il y reçoit la soumission de la Gaule, de l'Espagne, de la Bretagne et d'une partie de l'Afrique, et associe son fils Victor aux responsabilités impériales.

   Seule l'Italie reste en dehors de sa mouvance, bien qu'étant, à proprement parler, sans gouvernement, puisque Valentinien n'est encore âgé que de douze ans.
Par contre, tout le monde attend de connaître la réaction de Théodose. Mais, en définitive, l'attitude passive de celui-ci apparaît suspecte et équivoque à plus d'un observateur, et d'aucuns pensent à une connivence entre l'empereur d'Orient et l'usurpateur, d'autant que ceux-ci ont l'air de très bien se connaître. Toujours est-il que, afin de ne pas laisser s'étendre davantage les doutes qui commencent à planer sur lui, Théodose fait savoir qu'il ne reconnaîtra Maxime que dans la mesure où celui-ci se contentera des possessions de Gratien en Gaule sans s'attaquer à l'Italie.

   L'accord est ratifié en juillet 384. Nous assistons en fait à une nouvelle sanctuarisation et à la neutralisation du noyau de l'empire romain. Quant à l'empire lui-même, il est une nouvelle fois tripartite, avec Théodose à Constantinople, Maxime à Trèves et Valentinien II à Milan.

   L'entente ne dure pas bien longtemps. La tentation est trop grande et, passant outre la mise en garde de Théodose, Maxime pénètre en Italie à la tête de son armée, en 387. Le jeune Valentinien II a tout juste le temps de s'enfuir et de se réfugier a Thessalonique, capitale de la Macédoine. La guerre est devenue inévitable entre les deux empereurs. L'une des premières victimes est le Franc Mérobaude, maître de la milice et allié de Théodose. Il est étranglé chez lui par des exécuteurs bretons.

   Théodose, s'assurant de la neutralité des pays frontaliers de l'Orient, groupe une armée dans laquelle il enrôle un grand nombre de Barbares, tels Huns, Goths, Alains. Il confie deux corps d'armée aux généraux de race franque, Richomer et Arbogast, et se réserve le troisième corps. Partant de Thessalonique au printemps 388, après un parcours long et éprouvant, il pénètre en Pannonie par la vallée du Vardar.

   Maxime le devance en Pannonie et parvient à Siscia, sur la Save. Là, et malgré la défection d'une partie de l'armée ennemie, Maxime est écrasé par Théodose. Après quoi, ce dernier se porte à la rencontre du deuxième corps d'armée de Maxime, commandé par Marcellin, le frère de celui-ci. Là aussi, et malgré une résistance des plus héroïques, Marcellin est écrasé à son tour, à Poetovio, sur la Drave, en Pannonie Supérieure. Marcellin ayant péri dans les combats, les survivants de son armée baissent leurs étendards et se rendent à Théodose, qui les incorpore aussitôt dans ses légions, comme condition du pardon et de la vie sauve.

   Devant ce double désastre, Maxime s'enfuit vers l'Italie avec sa garde maure, et s'enferme dans Aquilée. Théodose part à sa poursuite et, après avoir repris au passage la ville d'Hémona, arrive à son tour devant Aquilée, dont il fait le siège.

   Maxime, qui ne dispose plus d'armée et qui voit qu'il ne peut attendre de renforts de Gaule, est contraint à la reddition. Il sort de la ville et va demander la clémence de son vainqueur. Mais Théodose, cédant aux exigences de son entourage, ordonne l'exécution des prisonniers. Maxime est immédiatement dépouillé de ses insignes impériaux et décapité, le 28 août 388, en même temps que toute sa garde maure.

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Sirmium : Sirmich, ou Mitrovitza, en Serbie.

Mediolanum : Milan, en Italie du nord.

Siscia : Osijek, en Croatie.

Poetovio : Ptuj, en Slovénie.

Hemona : Ljubljana, en Slovénie.

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