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sainte Ursule   ***   santez Ursula

 

Jean Bourdichon : le Martyre de sainte Ursule (miniature des "Grandes Heures d'Anne de Bretagne". Paris. Bibliothèque nationale)

Léon Fleuriot (1982) : Les origines de la Bretagne. notes de renvoi, p 284-285 : 

"Ursule (ou plutôt La légende de sainte Ursule)

  II ne s'agit sans doute pas d'une sainte bretonne, mais sa légende a très tôt été mise en rapport avec l'émigration des Bretons; c'est pourquoi il faut en parler ici. La question est grandement éclaircie par une étude remarquable dans le Dict. d'Archéol. Chrét. et de Liturgie de Dom Cabrol t. 3, 2, col. 2165 sq., qui résume l'énorme traité des Acta SS, octobre, t. 9, Bruxelles 1858, p. 73-303. La question est encore reprise dans les An. Bol. t. 3,1884, p. 5-20 et par M. Coens, An. Bol. t. 47, 1929, p. 89-110. Voici un résumé des faits par ordre chronologique. Une inscription romaine de Cologne, CIL XIII, II, 2, 8485, mentionne une petite Ursula morte à huit ans et deux mois. Une autre inscription, du milieu du 4e siècle (?)> due à Clematius, a été trouvée dans l'église de sainte Ursule, Cabrol, col. 2171-2176; il y est question de vierges martyres, venues peut-être d'Orient. Mais maintenant Mme N. Gauthier, CRAI, 1973, p. 108-115, date cette inscription de l'époque carolingienne. Procope, au milieu du 6e siècle, raconte l'histoire d'une princesse saxonne, délaissée par un prétendant, et qui vint avec une flotte et une armée tirer vengeance des Varnes à l'embouchure du Rhin, mais le rapport avec l'histoire d'Ursule est très lointain. Un texte d'entre 751 et 839, Acta SS, octobre, t. 9, p. 78-79 et 154-155, appelé Sermo in Natali S. Virginum XI millium, parle des onze mille vierges et ne mentionne pas Ursula, mais Vinnosa ou Pinnosa, fille d'un roi des Bretons martyrisée avec ses compagnes. Un peu plus tard, un texte, la Passion appelée « Régnante Domino », se trouve dans les ms de Bruxelles 7984, fol. 214 ro à 219 vo, ms du 10e siècle, Gâtai. Hagiogr. Bibl. de Bruxelles t. 2, p. 178, Acta SS, octobre, t. 9, p. 79-81 et 157-163, An. Bol. t. 3, p. 6. Ce texte est daté trop tardivement dans le Dictionnaire de D. Cabrol. Ursula apparaît alors et son père est appelé Deonotus.

  Peu avant l'an 1000, est composé un nouveau texte appelé Relatio de Historia Sanctarum Agrippinensium Virginum, An. Bol. t. 3, p. 5-20.

  Puis apparaît Geoffroy de Monmouth qui puise dans ces textes antérieurs et fait de Ursule et de ses compagnes des épouses destinées aux soldats bretons de Conan Meriadoc, Acta SS, octobre, t. 9, p. 84-98, 104-112, 207-209. Le Livre des Faits d'Arthur, dont nous avons résumé plus haut le fragment conservé, se termine en parlant de Dyonotus le père d'Ursula. Cela confirme qu'il faut le placer un peu avant 1000 dans la littérature qui a inspiré Geoffroy. Il faut ajouter que dans une série de Calendriers, souvent très anciens, il n'est pas question de 11000 vierges mais de 11 ou de 13, Acta SS, octobre, t. 9, p. 145-156, p. 147 notamment On trouve même leurs noms qui comportent des variantes : Pinnosa, Brittula, Ursula, Palladia, Saturia, Marina, Saula, Gregoria, Saturnina, Sambatia, Santia, Clementia, Grata. Deux au moins semblent être bretonnes, Vinnosa ou Pinnosa, donnée comme fille d'un roi breton, et Brittula; l'absence de noms germaniques est frappante, surtout dans la région où la légende est située. Nous avons peut-être ici une des bases historiques de celle-ci; il y avait des Bretonnes parmi ces onze ou treize martyres et les relations des Bretons avec l'embouchure du Rhin, de l'Antiquité au Moyen Age, ont souvent été évoquées dans ce travail. Le plus étonnant est que le Sermo in Natali (d'entre 751 et 839) lie déjà cette histoire à l'émigration bretonne, Acta SS, octobre, t. 9, p. 155, col. 2 : « En ce temps la Bretagne, île des régions d'Outremer... fut frappée par ordre de Maximianus d'une très féroce persécution des chrétiens. Dans cette persécution, beaucoup furent couronnés du martyre, beaucoup furent réduits à l'exil (peregrinationem); beaucoup s'en allèrent d'eux-mêmes et ainsi échappèrent ». Une fois encore, bien que de manière inexacte, l'émigration bretonne est liée au nom de Maxime. Deonotus pourrait être un nom brittonique déformé, *Dinoot ou *Dunaut, de Donatus, Acta SS, octobre, t. 9, p. 158, col. 2 et 159, col. 1; plusieurs des compagnes d'Ursule sont honorées en Bretagne. C'est ainsi que sainte Thumette ou sainte Evette a vu son nom rapproché de celui de Theomata, nom d'un des corps saints vénérés à Cologne, mais qui n'est pas dans la liste donnée plus haut, Albert Le Grand, éd. de 1901, p. 516 note 1. Il a peut-être existé un texte sur Sainte Ursule en moyen breton ? Cette légende est étonnante, tant dans les faits relatés, que par son ancienneté. On se perd en conjectures sur les faits historiques réels qui ont pu lui donner naissance. Les navigations lointaines des Bretons, leurs rapports avec des régions du nord, comme de la Méditerranée, sont finalement très mal connus, car peu de chercheurs ont abordé impartialement cette étude".

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