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Noms de lieux * Anoioù lec'hioù

Noms de personnes * Anaoioù tud

Breizh

Bretagne

Bro-Gernev

Cornouaille

  Kastellin

Châteaulin

 

pajenn bet digoret an 10.03.2008 page ouverte le 10.03.2008     * forum du site Marikavel : Academia Celtica dernière mise à jour 21/10/2019 13:37:22

Définition : commune de la Bretagne historique, dans l'évêché de Cornouaille.

Aujourd'hui dans la région administrative non hisorque dite 'de Bretagne', département du Finistère, chef-lieu d'arrondissement et de canton de Châteaulin; sur l'aulne

Superficie : 2080 ha.

Population : 1700 'communiants' vers 1780; 3000 hab. en 1863; 3436 hab. en 1878 (dont 1891 dans l'agglomération); 4237 hab. en 1906; 4370 hab. en 1968; 5668 hab. en 1979; 5357 hab. en 1982; 4965 hab. en 1990; 5157 hab. en 1999;

Blason; Logo

* Éditions Flohic (1998) : "Ce sont les armes de l'ancienne sénéchaussée royale, avec le château de Nin et le saumon qui symbolise les anciennes pêcheries"

* Froger & Pressensé (2001) : "d'azur au château d'argent girouetté d'or, accompagné en pointe d'un saumon aussi d'argent, mis en fasce". En usage depuis 1878. P.F. : 24 mai 1977. "Le château fut élevé au Xè siècle par Budic, comte de Cornouaille, surnommé "Castellin". Sur le blason en usage actuellement, le château est pavillonné d'herminais".

* JC Even : "en glazur, e c'hastell en arc'hant gwiblennek  en aour, eilet ouzh beg gat un eog ivez en arc'hant, treustellet"

Paroisse : église sous le vocable de saint Idunet.

Histoire :

* Ogée (1780) : Châteaulin; petite ville qui relève du roi, sur la route de Quimper à Landerneau, à 4 1ieues 1/2 de Quimper, son évêché , et à 38 1ieues de Rennes. Quatre grandes routes passent par cette ville, où l'on trouve une jurisdiction royale, une subdélégation, une brigade de maréchaussée, deux postes, l'une aux lettres et l'autre aux chevaux, et un marché par semaine. On y compte 1700 communiants. L'église est dédiée à saint Idunet, qui vécut dans un prieuré où l'on voit encore sa grotte, située dans ce territoire. La cure est présentée par l'abbé de Landevenec.

La rivière d'Aulne passe à Châteaulin, et forme un très-beau port à Launay, qui n'est éloigné de la ville que d'une demi-lieue au nord. Ses environs fournissent un grand nombre de carrières d'ardoises qu'on y vient chercher des pays étrangers, et des mines de cuivre, de fer et de plomb. Cette dernière, qui se trouve à peu de distance de Châteaulin, n'est découverte que depuis quelques années. Sur l'analyse qu'en ont faite les orfèvres, on a reconnu qu'il y avait beau coup d'argent; mais on est encore à commencer l'exploitation de ce riche trésor. Il se fait à Châteaulin une pêche considérable de saumons qui dure ordinairement six mois de l'année; savoir, novembre, décembre, janvier, février mars et avril. Elle appartient au roi, qui l'a afféagée, avec les moulins à eau situés dans la ville, pour une rente de 4,500 livres. La manière dont on fait cette pêche est fort amusante et très-curieuse. On place un double rang de pieux enfoncés à refus de mouton, qui traversent la rivière, et forment une espèce de chaussée au-dessous du pont où la rivière se divise en deux parties. Ces pieux, tout près les uns des autres, sont assujettis par des boucles de fer qui les retiennent tant au-dessous qu'au-dessus de l'eau. A gauche, en montant la rivière, est un grillage sous la forme d'un coffre, d'environ quinze à seize pieds sur chaque face de son carré; on y voit, presqu'à fleur d'eau, une entrée circulaire de deux pieds de diamètre, ou à peu près, environnée de lames de fer blanc un peu courbées en forme triangulaire, qui s'ouvrent facilement et se ferment de même. Le courant qui se porte de lui-même, et sans aucun effort, au milieu de ce coffre, entraîne le poisson qui y entre, en écartant sans peine les lames de fer blanc qui se trouvent sur sa route; au sortir du coffre, il entre dans un réservoir d'où on le retire avec des filets.

Châteaulin fut ainsi nommé du nom d'un château que fit commencer Alain, premier du nom, fils d'une fille de Salomon, roi de Bretagne, qui prit la qualité de duc, sous le nom d'Alain Rebré, c'est-à-dire le grand. Il mourut l'an 907, avant d'avoir achevé ce château, qui le fut, en 936, par Alain II, son successeur. Ce château, qui passe pour le premier bâtiment de la ville, est entièrement ruiné, à l'exception d'une petite portion qui sert d'hôpital pour les pauvres. En 546, saint Balay, religieux de l'abbaye de Landevenec, se retira dans un ermitage situé sur les montagnes de Penflour, à peu de distance de Châteaulin. On y a bâti une chapelle eu l'honneur de ce saint. Dans le courant de décembre 1595, le comte de Magnane, capitaine du duc de Mercœur, obtint du commandant de Quimper la permission de passer avec ses troupes par Châteaulin. Après avoir examiné celte place, il s'avança quelques lieues dans les terres, et fit payer aux habitants des campagnes tout ce qu'il prit chez eux, suivant le prix qu'on lui demanda. Mais le lendemain il revint sur ses pas, ravagea les environs de la ville, et pilla les paysans, qui étaient tous riches, et qui avaient pour la plupart des meubles de prix, et des tasses d'argent du poids de trois à quatre marcs; il employa quinze jours à les mettre à contribution , après lesquels, rappelé par le duc de Mercœur, il s'en retourna chargé de butin. Le conseil de Quimper promit bien de ne plus se fier à ses promesses.... L'an 1692, le roi accorda à dom Mathurin Hervé, religieux, prieur de Châteaulin, la permission de faire relever ses moulins et fours bannaux tombés en ruines, et de forcer ses vassaux à s'en servir, conformément à l'art. 379 de la Coutume de Bretagne. La jurisdiction de la maison noble du Rible, appartenant à M. de Pire, s'exerce dans la basse salle de Châteaulin. Cette ville est située dans un fond, entre plusieurs montagnes, très-communes dans ce territoire, dont les terres labourables sont bonnes et bien cultivées. Dans les vallons, qui sont aussi en très-grand nombre, on voit de belles prairies abondantes en foin. Il y a aussi beaucoup de terres incultes et des landes.

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* Jacques CAMBRY (1794), p. 278 : 

"Châteaulin est situé dans un vallon, la rivière d'Aulne, le divise en deux parties; des prairies, quelques montagnes bizarrement découpées, le vieux château qui la domine, la digue qui barre la rivière, une multitude d'arbres, de peupliers, de chênes heureusement mêlés à de beaux tapis verts, à des rochers saillans, à des antres profonds, donnent à ce pays une forme extraordinaire qui séduit au premier coup-d'œil, et qui charme dans les détails.

Ogée prétend que le château que je viens de citer « fut commencé par Alain, premier du nom, fils d'une fille de Salomon, roi de Bretagne, qui prit la qualité de Duc, sous le nom d'Alain-Debré, c'est-à-dire, le grand; il mourut en 907, avant d'avoir achevé le château, qui ne fut terminé qu'en 936 par Alain II, son successeur. »

Châteaulin n'a point d'hôpital : ses prisons font horreur; elles tiennent lieu pourtant d'une maison d'arrêt.

Les eaux en sont mauvaises. Point de fontaine publique, plus de boucheries, plus de boulangers, point de halles, point de caserne, point de pompes dans cette commune; elle tombe en ruine : toutes les rues sont à réparer, toutes les maisons à relever. Le seul pont de la ville, trop étroit, mal bâti, fait courir de grands risques à toutes les voitures; les habitans se ruinent, le commerce d'ardoises est interrompu, la pêcherie de saumons entièrement détruite. Il est important cependant de conserver, dans ce pays éloigné, séparé de tout dans ce désert, une commune de quelqu'importance; elle ne sera dans peu qu'un malheureux village, si le gouvernement ne vient à son secours, ne la relève, comme Carhaix, en y fondant quelque établissement, une manufacture , etc., etc.

Quatre réverbères éclairaient cette ville de passage, dont les pavés sont dangereux; dont les maisons mal alignées, saillantes, occasionnent des accidens.

La municipalité n'a pas un logement qui lui soit propre.

Il n'est pas jusqu'au cimetière, qui ne présente une singularité, on l'a placé hors de la ville, sur un roc qu'on ne peut plus creuser.

Les mœurs y sont douces et pures, les administrateurs, des gens honnêtes, éclairés. La première bibliothèque mise en ordre, dans le Finistère, fut celle de Châteaulin.

Il est inutile de dire qu'un homme qui naîtrait dans ce pays avec le génie de Voltaire, y pourrait tout au plus apprendre à lire : on s'est pourtant empressé d'obéir aux décrets et de placer partout des instituteurs.

L'histoire ne dit rien de Châteaulin; c'est un point de défense dans la guerre qu'on fait aux chouans : on en sent l'importance, et depuis quelque tems on vient d'y mettre des troupes en cantonnement.

On a des points de vue cahotés, curieux, de la montagne qui domine le Port-Launay, du Menez-Bouïn et des hauteurs de Châteaulin.

J'ai parlé de la route longue, sauvage et fatigante qui conduit au Faou; c'est un désert où vous ne trouveriez aucun secours contre le fer des assassins; dans les rochers et les taillis qui couvrent les terres voisines, ils pourraient échapper à toutes les recherches.

En considérant son étendue, ce district est un des moins peuplés du Finistère; il est épuisé par les réquisitions et par la mer.

Le peuple du district de Châteaulin avait encore toute la gaîté des habitans de la Cornouaille, avant nos guerres intestines. Les mariages s'y faisaient à l'aide des demandeurs dont je vous ai souvent entretenu; leurs vers étaient figurés, expressifs; ils dansaient au son des musettes, des hautbois, instrumens connus de tous tems dans ces contrées, dans l'Irlande, l'Ecosse, l'Angleterre; en Calabre, en Grèce, sur la surface du monde. Je voudrais voir un parallèle étendu de la langue bretonne et de la langue française; l'une se montrerait ornée des grâces, de la politesse, de la noblesse du grand monde; l'autre avec l'âpreté, la rudesse, la force des pays sauvages. La raison, le bon sens ont réglé la première; la seconde a l'effervescence et la bizarrerie de l'imagination sans règle : on dit à Tréguier, j'ai frappé mon pied tel chemin; en France, j'ai pris telle route. Ainsi, pour peindre un ennuyeux, un séccatoure, l'Arabe hyperbolique s'écrie : « Cet homme de son sourire obscurcit l'immensité de l'atmosphère, et fait rétrograder les rayons du soleil. » Dans les tems reculés, à la cour de nos rois, on eût sans doute un langage plus policé, mais depuis longtems nos Bretons sont revenus à l'état de nature.

(l) Le château de Châteaulin, bâti en l'an 1000, par Budic, comte de Cornouailles, existait encore presqu'entier en 1794. Aujourd'hui démoli, on n'en voit plus que quelques vestiges informes. Sa position au sommet d'une colline escarpée le rendait inexpugnable. (F.)

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* Marteville et Varin (1843) : CHATEAULIN (en breton Castellin; dom Morice , t. I, col. 41, Castrolinum), ville; anc. par. de ce nom, aujourd'hui cure de 2è classe; chef lieu de perception; bureau de l'enregistrement; brigade de gendarmerie à cheval; bureau de poste et relai. Chef-lieu de district en 1790, Châteaulin avait pris un moment le nom de Ville-sur-Aulne. En 1840 une loi a diminué cette commune de la section dite de Port-Launay (Voy. ce mot). — Limit. : N. Saint-Ségal, Port-Launay, rivière d'Aulne; E. Lothey, Pleyben; S. Cast, Saint-Coulitz, rivière d'Aulne; O. Dinéault, Plomodiern. — Princip. vill. : Kerarhuen , le Lec, Kerahuden, le Quinquis, Quimli, Trévérec, Loal-ar-C'hoat, Crec'h-ar-Forest, Prat-ar-Roux, Lindour. — Superf. tot. 2037 hect., dont les princip. div. sont : ter. lab. 991; prés et pat. 115; bois 71; land. et inc. 678; sup. des prop. bât. 12 ; cont. non imp. 169. Const. div. 321. Moulins 4. On a tellement construit depuis quelques années a Châteaulin, que cette ville offre un aspect des plus élégants. Sa position sur le canal de Nantes à Brest, au fond d'une vallée formée d'immenses collines, est pittoresque et animée. Cette ville manque encore de beaucoup d'établissements indispensables, entre antres d'un hospice et de halles convenables, enfin d'une mairie; depuis quelque temps on a amélioré le service des eaux potables. L'abondance du saumon dans la rivière d'Aulne est démontrée parce que dit Ogée. Malheureusement l'établissement des barrages et des écluses a bien diminué cette abondance, qui selon M. de Robien était de 4,000 saumons par an. Toutefois on prétend qu'en 1830 le produit de la pêche du saumon a été considérable et a servi à habiller les gardes nationaux peu aisés. — Ogée se trompe quand il parle de mines de cuivre qui se trouvent à peu de distance de Châteaulin : ces prétendues mines sont des amas de sulfure de fer qui, presque par toute la Bretagne, sont prises pour du cuivre par les agriculteurs. — Le vieux château fondé par Alain, selon notre auteur, le fut sans doute par Budic Castellin, un des comtes de Cornouailles, qui vivait dans le Xè siècle. Les ruines de cet antique manoir sont encore visibles, et le mode de construction employé démontre l'ancienneté de sa fondation; c'est un appareil de pierres brutes, sans revêtement en pierres de taille. — En 1163, le vicomte du Faou ayant enlevé le vicomte de Léon et son fils, s'enferma avec eux dans Châteaulin. Hamon, évêque de Léon, aidé par le duc de Bretagne, fit le siège de la ville, et s'en rendit maître. — Il y a pardon le 4 septembre, jour de Saint-Perreux . — Le père André (Yves-Marie) naquit à Châteaulin, en 1675. On a de lui un Essai sur le beau; c'est un ouvrage de philosophie douce et profonde et d'un style remarquable. Quoique jésuite, le père André professait une grande admiration pour Mallebranche, et a écrit une vie de cet auteur; mais elle est restée manuscrite, et la personne qui a possède se refuse, à ce qu'il paraît, à la produire. En 1766 on a publié ses œuvres complètes en 5 vol. in-12. M. Cousin a récemment, dans le Journal des Savants, année 1840, annoncé la prochaine publication d'une correspondance inédite de cet auteur, que l'illustre professeur apprécie hautement. Le père André, avons-nous dit plus haut, aimait quoique jésuite les œuvres des jansénistes; l'édition de 1763 de l'Essai sur le beau en donne une preuve. Il s'y plaint vivement que dans la première édition (1741) on ait substitué a ces mot « le crayon fin de Pascal» ceux ci, « le pinceau léger de Pélisson.» Châteaulin s'honore de l'illustration qu'acquiert aujourd'hui le père André. — La même ville a donné le jour au contre-amiral Cosmao. — Foires es 12 mars, 6 mai, 18 octobre, 23 novembre, et le premier jeudi de chaque mois; le lendemain quand un de ces jours est férié. La foire de janvier est la plus importante. — Marché le jeudi. — La route royale n° 170, dite de Quimper à Lesneven, traverse la ville de Châteaulin, et court sud-ouest à nord-est. — La route départementale n° 3 du Finistère, dite de Guingamp à Châteaulin, y aboutit, venant de nord-est à sud-ouest; enfin deux chemins dits de grande communication, partant de celle ville, se dirigent l'un vers Douarnenez, l'autre vers Camaret. — Géologie : terrain tertiaire moyen; ardoisières très-estimées. — Archéologie : dom Morice, Preuves, 1.1, col. 174 ; t. 2 , col. 433, 434. 554 , 582 , 656 , 057 , 665, 732, 796,1095 , 1116,1320,1333, 1418; t. 3 , col. 153, 348,409,1021, 1602; Alb. de Morlaix, p. 58.

Aulne n'est pas le vrai nom de la rivière qui passe à Châteaulin, et qui est la plus considérable du Finistère; c'est Avon, contracté par la prononciation en aon. Avon est le nom générique de rivière dans l'ancien idiome breton; aussi trouve-t-on six cours d'eau de ce nom, tant au pays de Galle qu'en Angleterre. Les Français, en dénaturant par ignorance l'ortographe de l'Aulne, ont donné a ce nom une origine qu'il n'a pas. Il faut remarquer aussi que beaucoup de rivières ont cette terminaison on, qui sans doute provient également de l'étymologie aon. Les Grecs donnaient ce nom à l'un des fils de Neptune. — Les rivières plus petites étaient appelées Aven, comme celle qui passe à Pontaven, en Nison. — La pêcherie décrite par Ogée est fort ancienne; elle est mentionnée dans un acte du XIIè siècle, rapporté par dom Lobineau, aux Preuves, col. 126. — Alain Ré-Bré était appelé par les Bretons Rhwy-Breïs. Ce mot a été dénaturé par les Hauts-Bretons, qui en ont fait Ruy-Bry, par ignorance de sa signification qu'il avait, et qui était : Roi de Bretagne. Quelques-uns des premiers ducs out pris ce titre, qui a semblé un surnom à ceux qui en ignoraient le sens. Dans le breton actuel, on dirait Roue-Breïs.—Sur l'emplacement de l'ancien château est une chapelle dédiée a Notre-Dame; c'était, selon toute apparence, la chapelle du château.                                                       DE B.

En 1790, les parties de chasse multipliées que faisaient les habitants de Châteaulin dans la forêt du Laz firent concevoir des inquiétudes aux autorités. Un détachement de dragons vint en conséquence occuper le château de Trévorn.— En 1792, les volontaires de Châteaulin furent appelés à Morlaix pour y nommer leurs officiers et se tenir prêts a partir.                                             E. D. V.

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* Gustave GEFFROY (1905) : " Au matin, après la soirée claire et pure de la veille, c'est la surprise de la pluie, la pluie bretonne mêlée à l'air en une brume presque imperceptible, la pluie qui mouille lentement toutes choses, qui les imprègne. J'aime cette atmosphère de vapeur d'eau, malgré sa mauvaise influence pénétrante. Elle est d'une telle douceur parfumée, et les choses sont si jolies à travers ces voiles de dentelle grise qui se croisent et se décroisent sur elles ! Sous cette fine pluie je parcours Châteaulin, je longe sa rivière de l'Aulne, que les Bretons nomment l'Ar ster aoûn, je regarde le mouvement tranquille de son port. Il peut y venir des bateaux jaugeant cent tonneaux pour y charger des grains, des ardoises, des minerais. D'autres font la pèche du saumon. Châteaulin a un passé dont il ne reste guère que quelques ruines, un tronçon de tour tapissé de lierre et de mousse. L'ancienne chapelle du château est devenue, après différentes transformations, Notre-Dame. Ce qu'elle a de plus remarquable, c'est la vue que l'on a du haut du clocher sur les vergers des environs, les quais et le viaduc de Port-Launay.

L'histoire de la ville tient en peu de mots. Le premier, habitant de Châteaulin fut, dit-on, saint Idunet, qui avait son ermitage sur la colline. L'ermitage fut remplacé par un prieuré, bâti de l'autre côté de la rivière. La forteresse, au Xè siècle, s'ajouta au prieuré. Au XIIè siècle, la ville fut le théâtre de démêlés entre le vicomte du Faou et le comte de Léon, et il lui fallut soutenir un siège contre Conan IV. Après, c'est la tranquillité jusqu'à la Ligue et le passage de bandes pillardes. Et c'est tout. La physionomie de la ville est d'ailleurs placide et charmante. Elle semble avoir pour occupation principale de se mirer dans l'eau. A part le mouvement des bateaux, qui n'est pas, d'ailleurs, effréné, on peut se demander comment le temps se passe ici. Les ardoisières, très célèbres autrefois, ont, me dit-on, beaucoup perdu de leur importance. Il y a une vingtaine d'années, je me souviens qu'il y avait, du fait de ces ardoisières, une animation que je ne retrouve pas aujourd'hui. Elles paraissent ne plus guère avoir d'autre utilité que de dominer la ville de leurs couleurs sombres, noirâtres et bleuâtres. Mais il ne faut pas se fier aux apparences. Cette ville calme n'est pas morte, car elle est propre et suggère des idées d'ordre et de bien-être. C'est, je crois, la première cité de France qui fut éclairée à la lumière électrique, ce qui indique l'esprit d'initiative sous cet aspect sommeillant. Je suis certain que la jolie sous-préfecture doit être fort animée à certaines dates de fêtes, de réunions, de marchés. Quand elle a donné son activité aux heures nécessaires, elle s'arrête, elle se repose, et elle fait bien.

Aujourd'hui, c'est jour de repos, et je suis à peu près seul à déambuler des quais en bordure de l'Aulne. Sur les bateaux même, je ne vois personne. Je finis par me lasser de cette solitude de ville et je cherche la solitude de la campagne. Je n'ai pour cela qu'à continuer ma route, qui longe la rive droite de la rivière et qui s'en va ainsi, en une longueur de trois kilomètres, jusqu'à Port-Launay. Je m'en réjouis, car la promenade est des plus belles, et Châteaulin doit être complété par Port-Launay. C'est là que se fait le grand mouvement de marchandises de Châteaulin, et la quiétude de la ville s'explique ainsi : sa rivière travaille pour elle, et elle travaille surtout à Port-Launay, où des bateaux de 150 tonneaux peuvent aborder, mieux qu'à Châteaulin. Ce trafic se fait beaucoup avec Brest, où l'on peut aller par le bateau à vapeur. C'est à Brest que s'en vont les ardoises, les volailles, les légumes et les fraises.... « Mais ne quittez pas Port-Launay,  —  me dit-on, — sans avoir vu le viaduc du chemin de fer. »

J'ai déjà vu le port, l'église, la fontaine, et tout cela m'a plu, et je comprends que les gens des environs viennent ici en parties de campagne, car il est à remarquer que même les gens de la campagne vont faire des parties de «campagne» ailleurs que chez eux. L'important est de se déplacer, et c'est, en effet, parfois nécessaire. J'ai donc vu tout ce que je viens de dire, et je veux bien encore voir le viaduc. Pour cela, il n'y a qu'à continuer la route au long de la rivière, pendant trois autres kilomètres. Je le fais, et j'arrive au fameux viaduc qui mérite sa célébrité. Il a, pour être exact, 357 mètres de longueur, 50 mètres de hauteur et douze arches de 22 mètres d'ouverture. Je ne regrette pas ma course, car après tout, si la beauté habituelle de l'œuvre d'art que nous connaissons et que nous cherchons n'est pas là, il y a une autre beauté toute nouvelle qu'il faudrait être bien aveugle pour ne pas voir, bien partial pour dédaigner. C'est du travail humain, d'abord, et c'est du travail humain qui a sa force, sa grâce, son équilibre, c'est-à-dire sa beauté. Ceux qui ont conçu et exécuté un viaduc comme celui-ci, qui sert à raccourcir les distances et à faire passer des trains, ceux-là sont des utilitaires, c'est entendu, mais ce sont aussi des artistes, puisqu'ils ont su trouver une forme élégante et harmonieuse pour leur conception. On les accuse souvent de gâter les paysages. C'est un lieu commun. Ils les transforment, ou plutôt ils leur ajoutent un nouvel élément de beauté, qui est la preuve de l'esprit vainqueur de l'homme. Il est clair qu'il ne faut pas abuser de ces «embellissements» utiles, mais là où ils sont vraiment utiles, ils ne déparent rien. Ce qui gâte un paysage, c'est la triste maison sordide où habite la misère humaine, dans la fange, l'ordure, l'atmosphère malsaine. Cette maison, pourtant, il ne manque pas de voyageurs pour l'admirer. Ils trouvent là une note pittoresque, un je ne sais quoi «qui fait bien dans le paysage». Ils ne voudraient certes pas l'habiter, il leur faut la maison moderne avec l'eau, le gaz, la lumière électrique, le tout à l'égout, tout le confortable et toute la salubrité, et ils ont raison, mais ils trouvent naturel que d'autres habitent la masure, et ils s'empressent d'en faire une aquarelle. Je préfère le viaduc, qui crée les communications, qui déplace les habitants des taudis, qui sert l'œuvre de clairvoyance et de bien-être. J'admire le calvaire, lorsqu'il a la beauté de l'art et de la vie. Je demande la permission d'admirer aussi le viaduc, et la locomotive, et le train de marchandises.

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* Bernard Tanguy (1992) : CHATEAULIN   ---   KASTELLIN

" Castrum Castellin, XIe s.; Castrum Lini, 1217, 1240, 1262; Chasteaulin, 1305; breton Kastellin"

Lieu de passage à gué de l'Aulne, que franchissaient les voies romaines de Carhaix à Douarnenez et à Camaret, et de Quimper à Landerneau, le site de Châteaulin a certainement été occupé à l'époque gallo-romaine. Mais c'est au château, en breton kastell, aujourd'hui ruiné, bâti sur la rive gauche de l'Aulne, sur la montagne de Nin (montaneum Nin au XIe s.), peut-être par Budic Castellin, comte de Cornouaille au Xè-XIè siècle, que la ville doit son nom. Le second élément, devenu lin par assimilation, est le vieux-breton nin "sommet", aujourd'hui nein "faîte".

Accrochée au flanc de l'escarpement rocheux où se dressait le château, la chapelle Notre-Dame (en breton Iliz-Varia) est l'ancienne église paroissiale du centre primitif, situé au Vieux-Bourg. La fondation, vers le XIIè siècle, du prieuré de Loguionnet (du breton lok "lieu consacré" et Idunet, nom de saint) relevant de l'abbaye de Landévennec, sur la rive droite de la rivière, est à l'origine de cette partie de l'agglomération actuelle. L'essor de ce nouveau bourg amena en 1723 la désignation de l'église priorale de saint Idunet comme église paroissiale.

Son saint patron, Idunet, ou mieux Ediunet "désiré", dont les reliques furent découvertes avec celles d'autres saints dans l'île de Groix au XIè siècle, est aussi appelé, selon sa Vie du XIè siècle, Ethbin. Disciple de saint Gwennolé, fondateur de l'abbaye de Landévennec au VIè siècle, il aurait eu son ermitage au sommet du coteau abrupt de Banine (du vieux-breton bann "corne, promontoire" et de nin précité). La forme Idunet est archaïque et correspond à Izunet, devenu par suite de la disparition de -z- intervocalique Iunet, puis Ionet.

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L'Aulne à Châteaulin. 1878

Patrimoine. Archéologie

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Le bourg Ar bourg
Église saint Idunet (1868-1869) Iiz sant Iuned
Chapelle Notre-Dame (XIIIè, XIVè, XVIè, XVIIè); calvaire; ossuaire Chapel Itron Varia; Kalvar; garnel
Chapelle Notre-Dame de Kerluan (XVIè); calvaire 1639. Chapel Itron Varia Kerluan
Chapelle saint Compars (XVIè); calvaire 1645.  
Fontaine de Stanguivin Feunteun Stang-Ivin

Étymologie

* Marteville et Varin (1843) : "en breton Castellin; dom Morice , t. I, col. 41, Castrolinum". 

* Bernard Tanguy (1992) : " ... c'est au château, en breton kastell, aujourd'hui ruiné, bâti sur la rive gauche de l'Aulne, sur la montagne de Nin (montaneum Nin au XIe s.), peut-être par Budic Castellin, comte de Cornouaille au Xè-XIè siècle, que la ville doit son nom. Le second élément, devenu lin par assimilation, est le vieux-breton nin "sommet", aujourd'hui nein "faîte""

* Éditions Flohic (1998) :  "du château, kastell, construit au Xè siècle sur une montagne, appelée Nin, qui signifie sommet en ancien breton".

* Hervé Abalain (2000) : "Montaneum qui vocatur Nin, XIè siècle; < Castel Nin, "sur la montagne appelée Nin".

* Daniel Delattre (2004) : "Castrolinum. Château Alain, au Xè. Ville-sur-Aulne pendant la révolution".

Personnes connues Tud Brudet
Yves-Alexis-Marie de l'Isle-André / Yves-Maris ANDRE

Jésuite. Auteur de plusieurs ouvrages philosophiques.

Châteaulin, 22.05.1675 / Caen, 26.02.1764

 
COSMAO-KERJULIEN

Capitaine de vaisseau; Contre-amiral; Baron d'Empire en 1810; Préfet maritime de Brest;

Châteaulin, 1761 / Brest, 1825

 
Fortuné LE PREDOUR

Vice-amiral

Châteaulin, 1793 / *** ? 1866

 
Théodore Bois-de-Mouzilly

Député à l'Assemblée Législative

Châteaulin, 1813 / *** ? 1864

 
Anthony RAOUL-LOUIS

Professeur de sciences

Châteaulin, 1874 / Quimper, 1941

 

Armorial * Ardamezeg

       
du Faou     du Quélenec de Tréziguidy  
      seigneur dudit lieu en Locquidunet ou Châteaulin; de la Villeneuve, en Langolen

"d'argent au chêne de sinople, fruité d'or"

"en arc'hant, e zervenn geotet mezhiet en aour"

références et montres de 1536 à 1562

(GlB) (PPC)

   

Vie associative Buhez dre ar gevredadoù
Jumelage avec Clonality, Irlande  
Jumelage avec Grimmen, Allemagne  

Communes du canton de Châteaulin  Parrezioù kanton Kastellin
Cast Kast
Châteaulin Kastellin
Dinéault Dineol
Kerlaz Kerlaz
Locronan Lokorn
Ploéven Ploven
Plomodiern Plodiern
Plonévez-Porzay Plonevez-Porze
Port-Launay Meil-arWern
Quéménéven Kemenven
Saint-Coulitz Sant Kouli
Saint-Nic Sant Vig
Saint-Ségal Sant Segal
Trégarvan Tregarvan

Communes limitrophes de Châteaulin Parrezioù tro war dro Kastellin
Dinéault Saint-Ségal Port-Launay Saint-Coulitz Cast / Kast Plomodiern

Sources; Bibliographie :

* OGEE : Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne; vers 1780; 

* Jacques CAMBRY : Voyage dans le Finistère. 1794. Réédition Coop Breizh. 1993.

* MARTEVILLE et P. VARIN, continuateurs et correcteurs d'Ogée, en 1843.

* M.N BOUILLET : Dictionnaire Universel d'Histoire et de Géographie. Librairie L. Hachette et Cie. Paris. 1863.

* Adolphe JOANNE : Département du Finistère. Hachette. 1878.

* Gustave GEFFROY : La Bretagne. Librairie Hachette. 1905. Réédition Jean-Pierre Gyss. 1981.

* René COUFFON et Alfred LE BARS : Répertoire des Églises et chapelles du Diocèse de Quimper et de Léon. 1959. Réédition Conseil Général du Finistère. 1988.

* Éditions Albin-Michel : Dictionnaire Meyrat. Dictionnaire national des communes de France. 1970.

* Petit Larousse Illustré. Librairie Larousse. 1979.

* Bernard TANGUY : Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses du Finistère. Chasse-Marée. Ar Men. 1990

* Éditions FLOHIC : Le patrimoine des communes du Finistère; 1998.

* Hervé ABALAIN : Les noms de lieux bretons. Universels Gisserot. 2000.

* Michel FROGER et Michel PRESSENSE : Armorial des communes du Finistère. Froger SA. 2001.

* Daniel DELATTRE : Le Finistère. Les 283 communes. Éditions Delattre. 2004.

Liens électroniques des sites Internet traitant de Châteaulin / Kastellin

* lien communal : 

* forum du site Marikavel : Academia Celtica

* Autres pages de l'encyclopédie Marikavel.org pouvant être liées à la présente :

http://marikavel.org/heraldique/bretagne-familles/accueil.htm

http://marikavel.org/broceliande/broceliande.htm

* solidarité nationale bretonne avec le département de Loire Atlantique : Loire-Atlantique

* sauf indication contraire, l'ensemble des blasons figurant sur cette page ont été dessinés par J.C Even, sur bases de GenHerald 5.

* Introduction musicale de cette page : Bro Goz Ma Zadoù, hymne national breton, au lien direct : http://limaillet.free.fr/MP3s/BroGoz.mp3

hast buan, ma mignonig, karantez vras am eus evidout vas vite, mon petit ami, je t'aime beaucoup

go fast, my little friend, I love you very much

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